jeudi 5 juin 2008

Berlin 1 : 2 au 5 juin 2008

C’est avec un arrière-goût de Malboro (vendues en "Big Pack" de 24 cigarettes) en bouche, une gorgée occasionnelle d’eau minérale et un sentiment de chez-soi bien mérité que je m’arrête pour vous écrire ces quelques lignes, pas très poétiques mais pas mal complètes.

←------- 2 juin -------→

Départ de Montréal, 20h.

J’avais peur d’être malade en avion, j’avais peur de partir en me disant « qu’essé tu fais là?! » et j’avais peur d’avoir mal aux oreilles au décollage et à l’atterrissage. Rien de tout ça est arrivé, ou presque : je ne me suis pas senti malade le moins du monde, je suis parti le sourire aux lèvres et la tête légère, et quand l’avion a décollé, ça m’a rappelé le feeling qu’on a dans certains manèges à la Ronde et j’ai adoré ça. L’atterrissage a été plus difficile, j’avais beau mâcher ma gomme comme un forcené, j’avais l’impression que tous les vaisseaux sanguins de ma tempe gauche allaient exploser en même temps. J’ai vu le monsieur en avant de moi se pogner la tête aussi, ça m’a rassuré.

Dans l’avion j’ai mangé du bœuf avec des patates pilées pi un mix mou de fèves et maïs, avec un verre de vin rouge au goût douteux et un dessert non identifié à saveur de chocolat. C’était très ordinaire, mais parfait pour voler. Le feeling est vraiment hot en avion, mais surtout le décollage, vraiment, j’ai de la misère à pas partir d’un fou rire, tellement c’est agréable ce bout là.


@ Alexandre et Dorothée : vous penserez à moi à la Ronde!

Vous excuserez mes photos du vol, de toute façon une photo de hublot n’aurait pas été géniale. Vous voyez là la texture du mur près du hublot, suivie de la texture du siège devant moi.






Cette dernière fait un assez bon fond d'écran.

←------- 3 juin -------→


Frankfurt, 8h30 (heure de Frankfurt, donc 2h30 du matin, heure de Montréal)

J’avais peur d’avoir à courir après mes bagages pour les réenregistrer sur mon prochain vol, et on m’avait dit que l’aéroport était très gros et mêlant. Finalement, je n’avais pas à me soucier de mes bagages, qui se transféraient tout seul (vivement Air Canada), et, bien que l’aéroport soit effectivement gros, le personnel est efficace et on trouve facilement le kiosque d’informations. On trouve aussi, après s’être informé au kiosque, la « smoking room », et c’est le paradis que d’en fumer une (en fait 15 à la fois, compte tenu du nombre de personnes là-dedans) après tant d’heures de vol.

@ Louis-Pierre et Ménard : c’est exactement notre concept de toilette, sauf que les unités d’aspiration sont à la hauteur des yeux, ou un peu plus haut. Et ça tire pas tant… C’est fait pour la boucane, pas les tas, mais tout de même, c’est exactement comme ça que je l’imagine.

J’ai pris une photo de ça, parce que ça été marquant dans mon voyage : j’en ai fumé des cloppes de 9h à 14h20, heure de mon vol (il faut pas oublier que ça fait de 3h du matin à 8h20, heure de Montréal). La photo est pas super bonne, je l'ai pris en catimini, mais on voit une autre smoking room en arrière plan.

L’attente fut pénible, en effet. Il fallait rester réveillé mais je n’avais plus de concentration pour rien. Je n’avais pas dormi dans le vol précédent (c’est comme en autobus, comment veux-tu dormir assis de même), donc j’avais épuisé toutes mes sources de divertissement. Je comprends maintenant pourquoi les revues sont si populaires à l’aéroport : un moment donné t’es pu capable de lire, t’es tanné d’écouter de la musique et t’as mangé tout ce que tu pouvais… je me suis donc contenté de regarder le monde passer, faute de revue.


@ France : J’ai bu un allongé McDonald à ce moment-là, c’était exactement comme tu m’avais dit.

Berlin (aéroport TXL), 15h30 à peu près.

Le vol de Francfort à Berlin fut fort agréable : j’ai dormi tout le long. Ça durait 45 minutes, ça sentait le gaz avant de décoller et c’était plein de gens d’affaire pour qui prendre l’avion c’est comme prendre l’autobus (je devine ça, je suis peut-être dans le champ). L’avion était vieux et tout mais il était plus confortable que celui d’Air Canada (un Boeing tout neuf). Peut-être aussi que c’est moi qui ramollissais. Après ce 45 minutes de sommeil, on a pu récupérer les valises. Ah oui, j’avais dû enregistrer mon sac en partant : trop gros, trop pesant, et je suis bien content de l’avoir fait : ça m’a sauvé l’attente à Frankfort avec toute mon kit.

Mon sac sur le dos, j’ai marché de long en large dans l’aéroport de Berlin pour trouver une plogue à ordi européenne (Frankfort était en rupture de stocks) et j’ai fini par trouver. J’ai rencontré une vieille madame et son monsieur à la sortie qui m’ont vendu les deux jours restant sur leur carte de semaine pour l’autobus. J’ai pris l’autobus dont j’avais noté le numéro avant de partir et j’ai suivi les signes. Le transport en commun ici est un peu mêlant : il y a beaucoup de choix (U-bahn, S-bahn, Bus ordinaire, Métrobus, Tramway (genre de), …) et d’innombrables numéros de ligne pour chacun. Mais j’ai appris que tout ce qu’il y a à faire, c’est trouver où on va et en essayer un, se laisser guider, et ça marche tout le temps.

Esperanto-Domo, 17h30…?

Bon, enfin rendu à la Maison de l’Espéranto, où la personne avec qui j’avais échangé plusieurs e-mails (Johan Pachter) allait m’attendre. Mais… non.
Après avoir dépassé un groupe louche d’itinérants buvant de la grosse bière en pleine rue, j’ai trouvé la rue de l’Esperanto-Domo, et finalement la porte que j’avais vue en photo. En passant, j’ai fini par me rendre compte qu’ici c’est légal de boire en pleine rue… tout le monde boit de la bière, le format « quille » là, entre une petite pi une grosse, partout. Dans le métro, dans la rue… Même qu’au bar tu dois préciser si c’est pour ici ou pour emporter. Je cogne à la grosse porte, il y a des choses écrites en espéranto, c’est bien, c’est rassurant. Personne ne répond, mais je finis par voir quelqu’un à l’intérieur, qui me tend une clé par la fenêtre. J’entre.

Pas de
« bonjour », pas de « as-tu fait beau voyage? », encore moins de « tu dois être fatigué, voici ta chambre.» Il a fallu que je demande s’il était au courant que je m’en venais : oui, il savait. Il a fallu que je fasse un peu la conversation, pour avoir l’air sympathique, et il me répondait tellement vite que je ne comprenais rien. Je lui ai dit, écoute ça doit faire 2 ans que je me suis pas servi de l’espéranto, peux-tu parler moins vite : non, c’est comme ça qu’on apprend. Bon…

Où est ma chambre? Ici, sur cet étage. Et là je réentre (on était rendu dehors, où il parlait avec son ami en polonais; tout ce temps là j’avais mon sac sur le dos et il n’avais pas jugé bon de me dire de le déposer) et fait le tour... pas de chambre en vue. Je refais le tour, et je trouve, dans un coin d’une des 2 seules pièces viables du rez-de-chaussé, un grabat minable, presque sous la table de réunion. Et voilà. Bon… Déçu, je dépose mes trucs, regarde la pièce plus en détail, sors fumer une cloppe, reviens en dedans, visite les autres étages et en viens à la conclusion que cette place est un foutu taudis, mais que je pourrai bien m’y habituer.

Je ne sais pas combien de pièces il y a dans cette maison, plus d’une dizaine certain, toutes plus inhabitées les unes que les autres. Et pas inhabitées dans le genre appart. vide ne demandant qu’à être meublé ; inhabitées dans le genre plancher de béton avec un trou béant en plein centre, tas innommables de poussière, de ciment, de bran de scie, des planches de bois un peu partout, murs pas finis, pièces avec des trous à la place des fenêtres… Décidément, sans vouloir être plus bourgeois qu’un autre, mettons que j’étais pas tout à fait enchanté.

Je m’étais imaginé une chambre ridiculement petite, avec en plein centre un vieux lit et tout autour des bibliothèques de livres poussiéreux. J’ai bien trouvé la poussière (plus que j’en ai jamais vu), les bibliothèques (bien garnies, il faut l’avouer, mais de livres tous plus défraichis les uns que les autres), mais pas le lit, et surtout pas d’intimité. Ah, et où était la douche là-dedans?

Le gars qui m’avait répondu (Artur, j’apprendrai son nom beaucoup plus tard, en lui demandant bien sûr) avait l’air bien sale lui-même, le gilet tout taché avec une grosse barre de poussière dans le dos. Il doit bien s’accommoder là. Je lui demande s’il travaille : Non. Pas de ces temps-ci. Pas vraiment. Bla bla, et il continue à me parler, sachant très bien, autant par mon langage corporel que par ce que je lui avais dit avant, que je ne catch pas plus de 50% de ce qu’il dit. Bon… Je pars prendre une marche. La clé? « Ah, la clé. Ça va attendre. » What the fuck, que je me dis, messemble que quand tu sais que tu vas avoir qqun chez-vous pendant 3 mois, tu lui prépares une clé… En t k...

La marche est fructueuse, je spot plusieurs café internet, même si le coin est plutôt Hochelaga, je mange une salade aux œufs de dépanneur (ils ont ça eux aussi) et je finis par m’arrêter goûter à la fameuse Berliner Pilsner.


C’est vrai que pas grand monde comprend l’anglais ici. Mais à force de gestes, la serveuse a bien fini par comprendre que je voulais un verre de Berliner Pilsner, pi moi j’ai fini par comprendre qu’elle me demandait si c’était pour ici ou pour emporter.

@ Ceux qui connaissent le bar Fullum, sur Ontario : C’était le même genre de place que ça, tout à fait. Avec en prime une gang de vieux crados, hommes et femmes, assez éméchés qui discutent en riant.

Cette bière-là était vraiment spéciale. Tsé moi j’ai pris la bière la moins chère, celle qui était annoncée sur l’enseigne du bar et je me suis dit advienne que pourra, et on m’a servi genre qqchose de vraiment raffiné comme goût. Je serais curieux aussi de connaître le pourcentage d’alcool de ces Pilsner-là, parce que j’en ai bu une autre le lendemain (celle-là s’appelait König Pilsner ou qqchose de même), et à chaque fois j’ai vraiment l’impression que ça fait 2 que je bois quand je finis mon verre.

Peut-être aussi est-ce parce qu’il fait très beau, que j’ai toujours soif, et que cette bière, comme un bon vin, se boit très facilement.
Et pi icitte on fume dans les bars, sur les terrasses et dans la plupart des restos. Yeah!

Je retourne à l’Esperanto-Domo, on me retend la clé par la fenêtre… Toujours pas de nouvelles de Johan Pachter, mon contact. Je dis d’accord, je vais aller dormir, mais Artur me dit que Johan devrait arriver bientôt, que ça serait mieux que je l’attende et que de toute façon ça va tout de suite me mettre sur le bon fuseau horaire. Ok, j’ai pas la force (ni les mots!) d’argumenter en espéranto. Heureusement il y a de l’internet (un vieux PC lent, mais quand même) et j’en profite pour écrire un e-mail et trouver les endroits plus dans mon genre où il y aurait du sans-fil gratuit.

Je trouve, je note et à ce moment Artur revient pour me proposer de sortir (j’ai pas trop compris où ni faire quoi) avec lui et son ami polonais. Je décline l’offre et il est quasiment fru, il me dit que je rate une bonne chance d’entendre du polonais. Comme si j’avais envie de regarder 2 personnes parler polonais en face de moi, après ne pas avoir dormi pendant a peu près 20h, tout en essayant d’être cohérent dans ma tête, où ça tourne en allemand, en esperanto, en anglais et en français (dans cet ordre).


Je dois donc me pousser en vitesse, parce que eux ils sont pressés de partir, après être restés assis dans la cour - à scrap - de l’Esperanto-Domo toute la journée. Alors je me pousse avec mon ordi et mon walkman, mais en oubliant la feuille où j’avais noté le chemin et l’adresse des cafés internet. Peu importe, j’ai hâte de voir le coin un peu. Je rencontre une femme police qui parle très bien anglais et elle décide de son propre chef de faire l’interprète entre moi et la madame du dépanneur où j’achète ma passe d’autobus/métro pour le mois. Je sauve 20 Euros en prenant la passe qui n’est pas valide entre 3 AM et 10 AM (heures où je dors). Danke schön madame et pi je m’en vais.

Je trouve étonnamment facilement le chemin pour Nollendorfplatz, puis je me rends compte que je me suis trompé de métro, pi c’est pas grave, je reste dedans et trouve un autre chemin aussi bon. J’étais à peu près à 30 minutes de là.
Je marche un peu dans le coin de Nollendorfplatz et décide de rentrer, question d’arriver à l’Esperanto-Domo avant que le soleil ne se couche.

J’arrive là et demande à mon hôte s’il a passé une belle soirée, il dit qu’il ne comprend pas ce que je dis. Je lui demande s’il a fait une belle marche avec son ami, il dit qu’il ne sait pas de quoi je parle. Merci pour la compassion, Artur. Mais il me dit que finalement, Johan (mon contact) est passé, et que je vais aller coucher chez lui (Johan) pour la soirée, vu que ça a pas de bon sens dans l’Esperanto-Domo. Fiable, que je me dis.


On part, Artur va me reconduire chez Johan en métro, ç’a l’air que c’est pas dans le même cartier. Là il est rendu 8h PM, donc ça fait 5 heures que je suis à Berlin, i.e. ça fait 13 heures que je suis parti de Montréal, i.e. plus de 24 heures que je suis debout. J’ai un sac de 30 livres sur le dos, mon ordi en bandoulière et ma boîte à lunch, il fait presque nuit, et je me promène avec un gars dont je ne sais même pas encore le nom, qui m’emmène chez un monsieur que je n’ai jamais vu.

Je commence à moins aimer ça.


On débarque qq stations de métro plus loin.
Je lui demande où on va, il ne me répond pas.
Je lui demande encore, il dit ça pas d’importance.
Je lui demande d’appeler Johan, il dit qu’il répondra pas.
Je lui montre mon plan du métro et lui demande de pointer où on s’en va, il me pointe un métro vraiment loin au nord.
Je lui redemande d’appeler Johan, il me donne le numéro, me laisse l’appeler tout seul.
Sur les entrefaits, le métro passe et je le convaincs de ne pas quitter la station (Allemand : bahnhoff, Esperanto : stacidomo) où l’on est tant que je n’ai pas appeler Johan.
Il m’attend plus loin, je demande à une dame ce qu’il faut que je compose sur le téléphone public pour appeler au numéro que je lui pointe.
Elle me dit c’est un cellulaire, ça va te coûter 2 Euros.
2 Euros pour appeler!?
À ce prix-là je prends mon propre cellulaire.
Aucune réponse chez Johan.
Et j’use de mon pouvoir de persuasion (et de mon espéranto, qui s’aiguise juste au bon moment) pour convaincre Artur de rentrer à l’Esperanto-Domo.
Tout d’un coup qu’on arrive chez Johan et qu’il n’est pas là?
Artur dit « j’ai la clé », en me montrant la clé de l’Esperanto-Domo (et non une clé différente).
Je lui redemande, il redit qu’il a la clé.
Rendu là j’ai à peu près pu confiance en lui, mais quand même assez pour aller dormir sur le grabat de l’Esperanto-Domo, me disant que Johan va finir par donner des nouvelles.
On revient donc sur nos pas.
Ah, est-ce que j’ai mentionné que Artur voyage en métro sans jamais utiliser de billets, et qu’à cause de ça il marche très vite?
Rendu à l’Esperanto-Domo, j’apprends que le grabat est occupé!
Par qui?
« Un gars. »
Qui?
« Je me rappelle jamais de son nom. »
Et Artur me dit de déposer mes affaires dans la pièce avec le grabat, que je pourrais dormir genre dans la cuisine à terre.
Moi je lui dis que je ne m’endors pas sans mes bagages collés sur moi.
Il a pas le choix que de me laisser dormir dans la pièce avec les bibliothèques et le grabat.
Je dis vouloir utiliser internet avant de me coucher.
Je vérifie si je n’ai pas de nouveaux e-mails, et puis j’appelle Johan avec le numéro qu’il m’avait laissé dans mon e-mail (toujours pas de réponse).
Alors voilà, au bout du rouleau, Google : Hosteling International Berlin.
Je trouve tu-suite, j’appelle en vitesse et me pousse en vitesse, à moitié sous les reproches, du genre « tsé quand on veut voyager pas cher, il faut pas s’attendre bla bla bla. »
Rendu là moi j’en ai rien à foutre, j’ai mon ordi avec moi, un manque de sommeil intense, pi un gars que je trust pas et qui est pas mal musclé finalement.
J’ai crissé mon camp. Et vlan!


Tout de suite en sortant, je suis tombé sur l’autre espérantiste dont Artur m’avait parlé, celui qui dormait sur le grabat. Je me suis dit, tout d’un coup que je me fais des idées, et que la différence d’attitude entre Artur et qqun en qui j’aurais confiance réside seulement dans mon interprétation personnelle (donc nord-américaine) de son attitude. Mais j’étais trop fatigué pour faire des sciences humaines.


Ç'a pas été de tout repos me rendre au Hosteling International, et l'on ne m’a pas accueilli à bras ouverts comme je m’imaginais, mais j’ai eu un lit dans une chambre à occupation 5 personnes, et, surtout, une armoire barrée dont moi seul avait la clé. Là j’aurais vraiment aimé ça parlé à qqun en français, ou même en anglais, mais la place était pleine de jeunes ados allemands en puissance. Mettons que ça été long avant que je m’endorme et que le déjeuner (inclus) était pas mal trop tôt à mon goût.

Je skip des détails là ça s’en vient long, mais finalement, je n’ai toujours pas eu de nouvelles de Johan et des espérantistes et pi honnêtement j’en veux pas. Je ne suis pas du genre taudis, même en voyage. Ne pas avoir eu de bagages tant que ça, ça ne m’aurait pas dérangé, mais là j’ai mon ordi, je veux travailler et je reste pour qq temps pareil. Et pi avoir son intimité, c’est pas pire aussi. Sans oublier que si je veux parler à des Berlinois, être propre est la moindre des choses, et je vois bien pas comment j’aurais pu faire ça là-bas.

Croyez-le ou non, ce fut là ma première journée : de Montréal à Frankfort, de Frankfort à TXL, de TXL à l'Esperanto-Domo, et de l'Esperanto-Domo à l'auberge jeunesse.

←------- 4 juin -------→

Se réveiller tôt, ça fait des journées bien remplies. Après avoir déjeuner à l’auberge de jeunesse, je pars au Sony Center, gros tas de gratte-ciels réunis par un espèce de demi-toit de state olympique, avec une cour intérieure et où on me dit qu’il y a de l’internet gratuit.

Sony Center, tel que je l'ai vu, mais photographié par d'autres :

Sony Center, vu de comme quand t'arrives.


Sony Center, vu de l'intérieur.

Là ça presse mon truc, ça me prend un plan B (à ce moment là j’ai aussi confiance que Johan va m’écrire un e-mail d’excuse et me proposer qqchose de mieux). Un verre de jus d’orange à 2,80 Euros (4,37$ Canadiens) c’est pas donné, mais ça vaut la peine, je trouve tout de suite par internet ma première personne ressource fiable. Il avait placé une annonce d’un appart. à louer et, même après s’être rendus compte que ça ne fonctionnait pas puisqu’il ne l’avait mis à louer que pour août, on décide de se rencontrer en soirée. Je trouve aussi une fille qui me fait un prix correct pour un appart. super bien placé pour juillet et août. Bon.

Allègre, je repars à l’auberge jeunesse, prend une douche, manque faire exploser mon séchoir (y’en a beaucoup, des volts, ici!) et pars visiter Tiergaten (« jardin d’animaux »), un énorme parc en plein cœur de Berlin, tout près de l’auberge jeunesse. Ah je n’ai pas mentionné que l’auberge en question, loin d’être un petit coin sympa et hippy avec quelques chambres, est un gros bloc gris presque aussi gros qu’un hôtel et probablement aussi champêtre qu’une polyvalente.

Tiergarten… J’y retournerai! C’est vraiment hot autant de verdure en plein cœur d’une ville de 86 millions d’habitants. Et est-ce que j’ai mentionné qu’il fait vraiment beau ici. Genre 31 C. en moyenne, pas trop humide ni trop sec, dans le pas mal idéal là.

Dans le parc (sans fin on dirait), les gens font du vélo, se tirent le frisbee ou se contentent de se prélasser au soleil. La majorité d’entre eux se trouvent un spot, se déshabillent (complètement) et se couchent par terre. Pour eux c’est tout à fait naturel. Il paraît que c’est peut-être une question de religion, la religion majoritaire ici étant un protestantisme n’ayant rien à voir avec le protestantisme américain : les mœurs sont très libérales et tout. Et pi de toutes façons, à bien y penser, y’a rien de mal à se faire bronzer à poil, tant que tout le monde le fait. Et en effet, de la grand-mère à la top modèle, du vieux sec au jeune bien portant, c’est tout naturel pour eux. On se sent quasiment mal d’être habillé. J’ai fini par céder et travailler mon tan en lisant un peu de poésie et fumant des Winston (vendues en paquet de 17).


Après je suis allé dans un café internet. J’ai marché quasiment 2 heures pour m’y rendre (parce que je me trompais de chemin, et au lieu de revenir sur mes pas, je trouvais une alternative sur ma carte et je continuais de visiter). J’ai mangé des sardines avec du pain pi un jus d’orange, erreur! Je ne sais pas si c’est le soleil, le manque de sommeil, la bouffe ou ma petite anxiété de voyageur qui me travaillait, mais je me suis mis à feeler pas mal croche.

Je me suis arrêté quelques fois avant de finalement tomber sur le café internet que je cherchais, où le café qu’on m’a servi et le serveur vraiment vraiment sympathique m’ont complètement remis sur le piton.

J’allais oublier de dire que Berlin est magnifique à cause des arbres qu’il y a partout. C’est fou, des gros gros arbres, là, partout dans la ville de chaque bord des rues. Ça paraît que c’est pas depuis hier que le monde pensent à mettre ça beau et agréable ici. L’un de ces arbres, le plus répandu je crois, est le tilleul (der Linden). Et de ce tilleul, quand les rayons du soleil le frappent du bon angle, on remarque qu’il s’échappe… des TONNES de POLLEN! J’ai pas été allergique au pollen depuis qq années, mais ici c’est vraiment intense, j’atchoume tout le temps. Ça va passer je pense, le temps que je m’y adapte, et j’ai connu des étés pires que ça à Québec.

Donc c’est mon nouveau contact (celui qui louait un appart. pour le mois d’août là) qui a interrompu ma conversation (en anglais) avec le serveur. Je lui avais laissé un message par internet, sachant qu’il recevait tout ça en direct sur son iPhone. C’est un gars d’une trentaine d’années je pense, d’une mère Allemande et d’un père Péruvien (il a grandi au Pérou). Il a étudié et travaille à son compte comme traducteur. Son français est impeccable. Pas autant que son allemand, ou son espagnol, ou son italien, mais meilleur que son anglais. Décidément…

Héhé, donc on a jasé qq temps de mon histoire d’espérantistes et lui il a un ami Italo-Allemand qui loue une chambre. Après m’avoir payé une pointe de pizz. à une piasse (en fait 2 Euros, donc 3,11$ CAD), on est allé chez lui utiliser le téléphone, pusiqu’il habite tout près. Là-bas, il m’a offert un thé (j’imagine que c’est la politesse berlinoise, je l’ai accepté mais je n’en ai bu que 2 gorgées, ma confiance, ébranlée, a ses limites!), et on a appelé son ami, qui a accepté de m’héberger à 80 Euros par semaine (125$ CAD). C’est beaucoup cher, mais pas tant que ça dans le fond.
Donc c’est d’ici que je vous écris, chez l’Italo-Allemand.

Hier était ma dernière nuit à l’auberge jeunesse. Cette fois j’ai eu de la misère à dormir parce que c’était chaud et humide dans la chambre et aussi parce que les ados jouaient dehors en criant. Donc je suis on ne peut plus content d’être ici. J’ai accepté de payer 80 Euros par semaine premièrement parce qu’il me faillait quelque chose rapidement (l’auberge jeunesse c’était 24 Euro par nuit) et parce que je faisais confiance à mon nouvel ami. Et finalement, j’ai un excellent rapport qualité prix!

En plus d’avoir une chambre assez grande, très clean et avec un grand lit pi une fenêtre et tout le kit, j’ai accès à un piano électronique, à un balcon ensoleillé, et à deux types de cafetières (canadienne, pareille comme la mienne, et italienne), café fourni. J’ai tout défait mes bagages, même si peut-être je ne serai ici qu’une semaine.


C’est vraiment deluxe, j’haïs pas ça. Je pense rester ici tout juin si c’est possible. J’avais hâte à ce moment-ci, déballer mes affaires et avoir un brin de sentiment de chez-soi.
Aujourd’hui j’ai écrit beaucoup, je ne pense pas réécrire autant, mais ça me tentait de raconter mon arrivée à Berlin, et là je viens de sentir que j’étais arrivé enfin, installé, prêt à aller faire un tour à l’épicerie et à faire une journée de travail demain. Le seul défaut c’est que je n’ai pas d’internet, mais je devrais trouver une place à internet fiable pour le travail d’ici très bientôt.

J’ai commencé aussi à ramasser les revues gratuites avec les annonces d’événements et tout. J’ai vu du coin de l’œil le musée des instruments de musique, où je veux aller. Et mon nouveau contact l’Allemand-Péruvien connais un répétiteur pour un petit orchestre amateur qui pourrait peut-être m’enligner sur un violoncelle.

Là ça torche!




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