mardi 30 décembre 2008

Je fuis, nu

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À peine levé du lit, je m’ouvre ce matin une belle page vierge sur Word et y dépose les visions que j’ai eues cette nuit, conséquences probables du bol de Sugar Crisp et des cinq « Fruits de Mer en Bon Chocolat Belge » que je me suis enfilés avant de me coucher. Il semble que je dois faire vite et écrire avant que je ne me réveille complètement, que le souvenir de ce que j’ai vu s’étiole, se disperse, se déchire en fines lamelles de papier de soie de Noël à motifs indistincts. Judy Garland s’égosille sur ma table tournante, il semble que ce soit là un bien mauvais choix mais je sais que bientôt je ne l’entendrai même plus, perdu dans des lieux et situations que je préfère laisser au royaume de Morphée.

Premier rêve :

Je suis avec mon « mari », ou peu importe le titre que cette personne pourrait avoir dans ma vie. Nous habitons une grande maison à deux étages, décorée à la façon de ma mère : divans en cuir foncé, fôyer où crépite un feu de braises, couleurs sombres, douces et agencées. Au centre de la pièce principale passe un grand escalier de bois clair vernis qui tourne une fois sur lui-même avant de rejoindre le deuxième étage, qui forme donc une mezzanine sur deux faces de la maison : le coin nord-est. Le tout est paisible, la maison luxueuse et bien aérée. Les plafonds sont très hauts.

« Lui » et moi sommes donc assis sur le divan en cuir couleur acajou qui borde l’âtre, sirotant une tasse de thé ou quelque chose du genre. Il n’y a pas de télé en vue, la conversation est soutenue et le ton doux. Derrière les yeux brun vert de mon amoureux passe alors une lueur, subtile mais dangereuse. Puis c’est l’hécatombe.

Je reste près de lui au début. Pas un mot ne s’échange, le silence est tel qu’on dirait que même le feu de foyer a senti l’atmosphère changer et a cessé de crépiter, ses bûches rougeoyantes serrées les unes sur les autres en un tremblement muet. J’observe le bras de celui qui est avec moi sur le divan dans la grande maison. On distingue sous sa peau une espèce de pastille noire, peu épaisse et la largeur d’un œuf. La forme se déplace distinctement. L’être que je connais, je le vois dans ses yeux, est presque disparu du corps que je regarde alors, au moment où la forme sombre se rend jusqu’aux doigts de sa main droite et transforme le tout en une éclaboussure rouge brun de viscères d’où pointe un énorme pied d’araignée.

Puis tout le corps est attaqué ; je le sais bien que je ne regarde plus, terrifié, montant en trombe l’escalier. Je me réfugie dans la chambre à coucher, où je suis nu. Le monstre arrive, je l’entends. Il pleut dehors, un orage violent mais sans éclairs. J’ouvre la fenêtre sans moustiquaire et passe de l’autre côté, me cramponnant au mortier des briques beige clair d’où je vois le terrain mouillé en contrebas. Après m’être déplacé de côté et avoir senti que l’autre me suivait toujours, je rejoins le sol, où je me cache entre les arbres. Il y a en effet, en bordure du grand terrain gazonné, une petite rangée d’arbres, ni bosquet ni forêt, qui donne un semblant d’intimité aux habitants de la maison. Je suis près de la route, nu et couvert de boue sous la pluie. Je fais de l’auto-stop.


Deuxième rêve :

En ces temps-là, on se tenait toute une gang (on reconnaît Julie, Clothilde, Dorothée, …) dans un réduit aménagé sous un pont, dans une ville aux airs berlinesques. Sous le pont passait une double rangée de rails de chemin de fer, au sud, une rivière, et au-dessus, la ville, magnifique. Soir après soir, les féministes radicales qui régnaient en maître au local acceptaient de le partager avec nous, peut-être entres autres grâce aux slogans ridicules que j’affichais alors sur mes t-shirts.

Au-dessus du lieu de rassemblement se trouvait un bar dont on entendait le murmure depuis notre cachette. En ce début de soirée, nous avions décidé de nous mêler à la plèbe et d’y sortir. La place était bondée, l’ambiance rendue multicolore par quelques dizaines de lanternes chinoises, orange, rouges, jaunes, vertes, comme dans les films.

Un gars s’est présenté à notre table : il tenait à la main une télécommande à gicleurs automatiques qu’il avait trouvée et nous demandait s’il pouvait l’essayer. On l’a rabroué à coups d’insultes (quel connard!) mais l’idée m’était restée dans la tête. Qu’arriverait-il si l’on partait les gicleurs? De quoi ça aurait l’air? Ma curiosité s’aiguisait et semblait sans fond.

Il faut dire que ce n’étaient pas des gicleurs automatiques ordinaires, sorte de petit pic gris sortant du plafond et terminé par un étroit disque dentelé qui, je l’imagine, se met à tourner sous la pression de l’eau et asperge tout autour lorsqu’actionné. Il s’agissait plutôt dans ce cas d’une spirale blanche pendant à environ un pouce du plafond bas, large comme un disque vinyle mais dont le corps enroulé sur lui même était à peu près de la grosseur d’un doigt. Le tout était perforé de minuscules trous.

La soirée allait bon train mais l’idée de partir le gicleur près de notre table m’obsédait, m’obsédait, puis c’était fait. Le plafond était si bas que je n’ai eu qu’à m’étirer sur la pointe des pieds pour déclancher ledit appareil. Nul besoin de télécommande : ce fut le déluge et une panique immédiate dans tout le bar. Je n’avais pas pensé aux autres personnes présentes, ni au fait qu’en actionnant un seul des gicleurs tous les autres partiraient… je voulais seulement voir de quoi ça avait l’air, une fois en fonction. Moi et Julie riions, mais j’avais été vu, il fallait que je me sauve. Tout le monde se sauvait, dans toutes les directions. La police pouvait arrêter n’importe qui, on voyait des gens qui courraient dans tout les sens, en panique, de peur de se faire arrêter...

Après être sorti du bar, je me suis dirigé vers la rivière, me disant qu’en rampant sur le sable de son rivage, j’avais peu de chances d’être vu. Je parcourus donc une grande distance comme ça, nu sous les étoiles, dans l’ambiance toutefois claire de la nuit. Puis la rivière était une rue, mais personne ne me voyait : je rampais! J’ai passé un carrefour, puis une fontaine. Rendu à des kilomètres du bar et de mes amis, je me suis enfin levé, ayant cru reconnaître au loin la bâtisse du Emaüs, magasin de pauvres notoire où l’on peut trouver dequoi s’habiller pour très peu cher.

J’ai rencontré un premier homme, qui n’a pas voulu m’indiquer l’entrée du Emaüs, puis un autre, à l’allure d’itinérant, qui m’a conduit dans une bâtisse, puis le long d’un corridor étroit. Il m’a montré comment reconnaître la porte du Émaüs : il fallait trouver une porte « vitrée » (il voulait dire « dont le revêtement est brillant et recouvert de plastique », à ce que j’ai vu) munie d’une poignée de métal.

J’avais de plus en plus la certitude qu’il m’amenait chez-lui, je n’y pouvais rien, j’étais à sa merci. Toutefois, je me sentais en confiance : il savait que je fuyais la police – peut-être la fuyait-il lui aussi – et j’allais être en sécurité chez lui, il allait me donner quelque vêtement et je serais prêt à repartir.

Je ne me souviens pas avoir passé la porte brillante à poignée de métal, mais je sais que plus tard, j’arrivai au repère de ma gang, vêtu d’un de mes chandails à slogan typique. Clothilde m’a fait signe d’entrer, regards entendus des lesbiennes devant la porte, puis Julie m’a parlé de son nouveau projet à envoyer à Sub Pop, est-ce que ça allait marcher? On n’a plus parlé de l’incident de la veille. J’ai reproduit ici la pochette du CD que Julie avait griffonnée.


jeudi 14 août 2008

Dans l'avion



Haha j'ai blogué en avion, faut le faire. C'est un peu confus tout celà (encore une fois ; c'est peut-être mon nouveau style), mais je l'envoie quand même.


Bloguer en avion, pourquoi pas...

Alors me voilà quelque part au dessus de l'Atlantique, je pense.

Je viens de manger une genre de pizza-pochette d'avion et c'était pas pire pantoute. Je pense que ça veut dire qu'il ne reste plus que 2 heures au vol.

J'ai hâte d'en fumer une en sale.

Plus tôt, on a eu droit à un repas complet d'avion : "Chicken or fish?" J'ai pris le "fish" c'était assez bon ça aussi. Ça doit être difficile être concepteur de bouffe d'avion (on doit encore appeler ça un "chef cuisinier"?). L'objectif est de faire le plat le plus insipide possible tout en ayant les bons goûts aux bons endroits. Je dois dire que c'est un succès. Ce qu'il y avait dans mon plat, c'était un carré de poisson blanc au goût et à la texture ordinaires, accompagné d'une sauce pas trop salée générique et quelques légumes bouillis avec du riz aux tomates.

Oui, c'est ça, viens-t-en ici avec ton plateau de vin. Merci merci.

On dirait que plus approche du "Canada", plus j'entends de français (québecois bien sûr) autour de moi. L'allemand dans ma tête se dissipe et c'est un peu (beaucoup) triste.

Je n'ai pas vraiment été ému de quitter Berlin. Dès que l'avion s'est mis en marche, j'ai pesé "play" sur mon walkman et j'ai écouter la face A du mix-tape que mon ami Felix m'a offert comme cadeau de départ. Par chance, les premières tounes étaient pas mal plus rock/electro que sentimentales, alors ça fittait avec l'avion pi toute.

Je pense que la pression changeante me rend un peu imbécile.

Alors où suis-je? C'est dur à dire, il est 20:30, heure de Berlin, et ça fait donc 6 heures qu'on vole, depuis Francfort, en direction d'Ottawa. Car en effet, et c'est pour ça que j'ai dû m'arrêter à un seul côté de la cassette à Felix tantôt, j'avais un premier avion à prendre de Berlin à Francfort.

Je sens la confusion de mon lecteur là. Et j'ai envie de mettre des détails, alors allons-y :

Ce matin, je me suis levé à 7h50, j'ai fait mes adieux aux colocs, au monsieur de la pâtisserie où j'allais tous les jours, au wireless de mon voisin, aux arbres dans ma rue, à ma rue au complet et sa station de métro pour enfin me rendre à l'aéroport à 9h30. J'étais beaucoup trop en avance, mais bon... mieux vaut être en avance qu'en retard!

À 12h05, on a décollé pour Francfort. Ça été le meilleur décollage / atterissage jusqu'à date. J'ai quasiment pas senti le changement de pression. Je pense que le choix musical aidait, mais tout de même, j'ai dû tomber sur un excellent pilote.

À ce moment, je suis tenté de dire "Ah, ces Allemands."

Je peux mentionner encore le mix tape? C'est une cassette 90 minutes compilée par un ami, et sur le côté c'est écrit "Pop will eat itself".

Il y a plein de nuages dans le ciel, et nous sommes au dessus des nuages, donc je ne sais pas si on survole la terre ou la mer.

Où en étais-je? Ah oui, les vols pi toute. Alors j'arrive bientôt à Ottawa, d'où je devrai prendre mon troisième et dernier avion de la journée. Mon arrivée est prévue pour 18h38 à Montréal. Dans mon corps, il sera presque 1h du matin, heure de Berlin. Dans ma tête, on verra bin.

Hier j'ai tenté les bilans. Je suis allé boire une bière au Barbie Bar, entouré de choses connues, j'ai sorti mon petit carnet et j'ai tenté ma chance dans l'univers des résumés.

Je n'ai plus envie d'en parler. Plus tard, ça viendra, de toute façon je n'ai pas mis le doigt sur grand chose. J'ai ajouté quelques nouveaux éléments dans ma liste des "réponses toutes faites" :

Pourquoi es-tu parti pour l'été?
"Pour changer d'air, sortir de ma réalité et vivre un autre culture."

Pourquoi Berlin?
"1) J'ai choisi l'Allemagne parce que mes compositeurs (de musique classique) préférés viennent de là. Un peu par hasard, donc.
2) J'ai choisi Berlin, parce que... où d'autre en Allemagne?"

(Sous-question : Paris? "Paris ne m'intéresse pas. Et en plus c'est cher vivre là, à ce qu'on m'a dit.")

Nouvelle question : toutes les variantes de "Que retiens-tu de ton voyage?"
À date je ne sais pas. Mais j'ai préparé les réponses suivantes:
"On s'habitue à tout dans la vie."
"On devient blasé partout."
"J'aime rencontrer de nouvelles personnes."
"L'Allemand est une belle langue ; riche, sincère et sonore."
"...

Là j'ai pris une pause et je suis allé prendre une marche dans l'avion.

...


Puis on a atterri.

Moi voilà donc à Ottawa, où les gens me semblent comme beaucoup trop souriants et sympathiques. Voici le choc culturel inverse, celui que j'attendais avec impatience.

Je trouve que les Canadiens ont des drôles de faces, qu'ils sourient beaucoup trop sans aucune raison et qu'ils font plutôt colons, même dans un endroit de riches comme un aéroport. Je passe facilement pour anglophone, ce qui me flatte un peu, après n'avoir jamais réussi à passer pour Allemand après plus de 2 mots.

Il est 17h43, heure locale, et 23h43, heure de Berlin. Je ne sais pas pour combien de temps encore je continuerai de me rappeler de l'heure de Berlin et la comparer à l'heure locale.

Qu'est-ce que je fais en arrivant? Je vais me chercher une Beck's au dépanneur, question de faire passer le tout un peu plus gentiment.

Mon avion est retardé, quelle merde. Et cet aéroport ne me plait pas. Le plancher vibre comme si on était encore en avion, sérieux, et c'est un peu étourdissant.

Je suis assis dans un des deux gros fauteuils de cuir identifiés "Relaxation Station", a.k.a. "Only a loonie for 3 minutes of Invigorating Shiatsu Massage". Honnêtement, avec les deux pins de métal que je sens au travers le cuir me rentrer dans le dos, je n'ai pas envie du tout de mettre mon loonie la dedans.


C'est à ce moment que j'ai arrêté d'écrire.

samedi 9 août 2008

Berlin 11 : manuscrit // Berlin 12 : un dernier

Voici comment ça fonctionne : j'ai écrit quelque chose la semaine passée, je vais l'insérer à la toute fin de ce message (les photos en jaune et noir). Et puis voici le blog du jour, agrémenté de photos que j'ai prises de mon balcon pendant que je fumais une cigarette (et j'ai bien dit une seule... ça donne une idée du calme que cette ville dégage, bien qu'en 5 minutes, du haut de son balcon, on voit passer une cinquantaine de personnes).

C'est pas mal décousu ce que j'écris, finalement.


Un dernier blog avant de partir...

Nous sommes samedi le 9 août 2008, et il ne me reste plus que 4 soirées à passer ici.

Je ne suis pas rendu aux bilans, ça viendra sûrement.

Hier je suis allé dans un gros bar mainstream, ça m'a rappelé la triste réalité des bars de Montréal.

Avant-hier je suis allé dans un petit bar avec deux amis, on a joué au ping pong en écoutant les Doors pi les Rolling Stones jusqu'à 3:30 du matin.


Je n'avais plus de cigarettes ; j'en ai trouvé un paquet plein par terre.

J'ai aussi trouvé un ordinateur dans un arrêt d'autobus.

Je l'ai retourné à son propriétaire, qui était heureux. Prix de mon honnêteté : 50 €. Si l'honnêteté pouvait toujours être aussi payante, peut-être que le monde serait un monde meilleur. Voilà que je parle comme un vieux, peut-être que j'en suis.

Avant-avant-hier, j'ai préféré rester à la maison que d'aller une dernière fois au bar où je suis allé presque tous les mercredis.

On devient blasé n'importe où.

Hier j'ai déménagé : 3 mètres à parcourir.

J'ai été chanceux, la coloc de qui je louais la chambre est revenue et a repris sa place tandis que la coloc avec qui j'habitais jusqu'à présent partais pour quelques jours à un mariage à Munich.

Je dormirai par terre dans la cuisine la soirée du 12 août avant de me rendre à l'aéroport.

Avant-hier j'ai donné mon dernier concert pour quelques temps à Berlin. Il y avait presque tout le monde que j'ai connu ici : Jess l'Américaine, coloc de juillet, Isa l'Allemande, coloc de juillet, Dango le chien à Isa, coloc de juillet, Felix le p'tit blond, ami de Isa, Jana de l'Angleterre, coloc actuelle maintenant à Munich, deux inconnus amis de Jana, un Australien trompettiste dont le nom m'échappe, rencontré dans des événements de musique improvisée (résumé de son histoire : il a fait comme moi, est parti pour qq mois à Berlin, mais lui a décidé de laisser partir son vol de retour pour l'Australie pour recommencer sa vie d'ici, où il est depuis un peu plus d'un an je crois), Alex de l'Allemagne, ami de sorties, Sascha de Berlin, ami musical avec qui j'aurai jammé 3 fois sur le bord de la rivière cet été, un gars de Barcelone dont j'oublie le nom, et bien sûr Gehard, le violoniste avec qui je jouais en duo, qui était accompagné de sa femme et son ami.


Le kodak est resté dans mon sac, c'est pas grave.

Felix le DJ (celui qui a tous les vinyles de Babes in Toyland) était supposé venir filmer, mais il s'est endormi. Hé hé

Le ping pong en sa compagnie fut un excellent succédanée.

Je n'ai toujours pas filmé avec les éoliennes.


Ça arrivera si c'est dû d'arriver.

Hier j'ai invité mon ami Alex à souper au restaurant Sri-Lankais. C'était bon et sympathique et tout était beau et gentil (surtout gentil... et surtout beau).

Ce soir je vais encore dans un gros club, question de m'écoeurer bin comme faut.

Aussi question de compléter la liste des bars que j'aurai vus et essayés :

Bang Bang Club
Bar 25
Barbie Bar
Berghain
Ficken 3000
Gelegenheiten
Golden Gate
Große Freiheit
Haus B
Himmel Reich
Johann Rose
Madame Claude
Magnet
Melitta Sundström
Möbel Olfe
Monston Ronson's Ichiban Karaoke
nbi
Schwarzer Kanal
SchwuZ
Silver Future
SO 36
Stahlrohr
Steam
Tristessa
Weekend
Wild at Heart
Zurmöbelfabrik

... et de le retirer dans la liste des places à voir que je me garde pour une prochaine fois :

Ackerkeller
Barbie Deinhoffs
White Trash Fast Food.

Ce soir, avant d'aller au Berghain, je vais faire un tour au LaD.i.Y.fest. Ça devrait rocker.

Hier, je me suis acheté une patch et je l'ai cousue sur ma poche arrière de jeans, qui n'étais plus vraiment une poche, car malgré tous ces bars, je suis aussi souvent assis, et la déchirure était pas mal imposante, ça m'a pris 5 heures coudre ça, décidément, et je n'ai jamais pensé à simplement changer la poche dans laquelle je mets habituellement mon porte-feuilles.

Aujourd'hui, j'ai eu une longue discussion avec ma coloc sur la vie et la vivre et l'art et ces affaires là ("come to Berlin, come to Berlin", avec son charmant accent coréen).

Lundi passé, je suis allé manger des sushis, puis boire une bière avec Alex (le même avec qui je suis allé au Sri-Lankais hier).

On est allé dans un bar où il y avait 100 sortes de bières, et pour chacune le verre qui vient avec, à l'éfigie de la compagnie.

J'ai bu une Guiness, en bouteille et non en canette (étrange), et j'ai aussi essayé la bière la plus bizarre du menu, dont je ne peux prononcer le nom : une bière de blé, mais le blé est "fumé", alors ça sent genre la saucisse ou la viande fumée, et c'est très fucké. Je l'ai bue pareil, c'est fait pour ça.

Mardi, j'ai mangé au Burger King (rush de fast-food) avec Sascha, on a bu du vin et joué de la musique, puis je suis retourné manger au Burger King.

Je m'allume une "Camel". Elles sentent vraiment bon dans le paquet, c'est surprenant comme ça sent bon cette marque là.


J'ai appris deux phrases plus ou moins utiles :

"Veilleicht werde ich mich in dir verlieben."
"Ich werde mich nicht an die Möbel hängen."

J'ai utilisé la première. Deux fois.

Je sais maintenant reconnaître une Alfa Romeo des années '70 quand j'en vois une.

Lundi je suis encore passé devant la salle de montre de Bentley.

J'ai un nouveau projet musical à Montréal. À voir.

Je n'ai toujours pas trouvé de choucroute, mais j'ai mangé hier une rostbratwurst in brötchen (saucisse cheap dans un petit pain - traduction libre), à ajouter à la liste de tous les Currywurst mit Pommes (saucisse noyée dans le ketchup, soupoudrée de curry, avec de la mayonaise à côté, sous laquelle on trouve des frites - traduction libre), Döner, Schnitzel, Dürüm ( 3 genres de shish taouk), französisches hot dog (hot dog "à la française", whatever that means) et autres "spécialités" "locales" (les guillemets à profusion sont intentionnels, mais pas les parenthèses, elles, arrivent toutes seules) tous meilleurs pour la santé les uns que les autres. En fait, un Döner c'est pas pire : il y a pas mal de légumes dedans.

Avant-avant-hier j'ai passé 8h dans un café internet, sans travailler.

Il y a quelques semaines, je suis allé voir Querelle (film de Fassbinder) sur grand écran, pellicule originale (tellement originale qu'il en manquait des bouttes parfois), et j'ai trouvé un porte-feuille avec 80 € dedans. Au milieu du film, je l'ai remis intact au vieux qui venait d'entrer et fouillait sous tous les bancs... dans la mauvaise rangée.

La semaine précédante, j'étais allé voir "Mala Noche" (film de Gus Van Sant), encore une fois sur grand écran, mais en version DVD, anglais sous-titré allemand, et j'ai été surpris de voir qu'autour de moi, au lieu d'être un pop corn géant, c'était une coupe de vin que les gens tenaient à la main.

Mardi, j'ai perdu le cahier dans lequel je faisais mes exercices de math. Est-ce un signe?

Ce matin, je me suis réveillé et c'était l'après-midi, l'après-midi de la même journée qu'hier quand je me suis couché, qui était en fait ce matin.
Mais je me suis souvent couché bien plus tard, ou plutôt bien moins tôt qu'hier, ou plutôt aujourd'hui. Ce soir sera demain, avec sa lumière jaune si spéciale.

Aujourd'hui j'ai remarqué la pureté et la fraîcheur de l'air ici, et ça va me manquer, tout comme les plafonds hauts, la Berliner Pilsner et les arbres géants.

Écrire un blog est vraiment l'activité la plus nerd que je connaisse. Peut-être que lire un blog est encore pire. Peut-être que mon blog est une expérience complètement différente. Merci!

Voici maintenant le truc de la semaine passée. Tant qu'à moi c'est très lisible... Chacun son opinion, sa vision et de son écran la précision.

On se met dans l'ambiance un peu, toujours bin.


Et là c'est le bout qui se lit. Je mets deux versions du premier paragraphe, qui est un peu moins bien photographié (rappelons-nous que j'ai perdu le cahier en question, donc aucune correction n'est possible), puis j'enchaîne avec le reste. Juste à cliquer pour voir plus gros (comme toutes les autres photos, en passant).












Comme si j'allais m'arrêter à 12 blogs de Berlin alors que 13, un chiffre beaucoup plus intéressant (Fibonacci, quelqu'un?), est si près. J'ai donc l'obligation d'écrire un 13e et dernier blog avant de partir.

mardi 29 juillet 2008

Berlin 10 : rémynescences (spécial sos bambi)


Aujourd'hui, j'avais le choix entre une "date" sur le bord de la rivière ou un concert de Messiaen dans une université : j'ai choisi la date (on s'est frôlé l'épaule, c'était merveilleux).


Demain, j'ai le choix entre une journée à la plage ou un concert de Messiaen dans une église : je choisis la plage (je suis maintenant un habitué).

Il y aura sûrement un autre concert de Messiaen après-demain (I fucking love Berlin).

Alors...

J'ai reçu quelques photos du show de sos bambi! Enfin!

Ça fait tellement longtemps que je ne me rappelle même plus la date.


Je ne sais pas si j'ai le droit, mais j'ai tout modifié ce que Pierre et Zoelle m'ont envoyé. En espérant que l'ire du photographe ne me perce l'amphore créatrice.


J'en profite pour refaire mon appel à tous :
Si vous avez des photos du show, envoyez-moi les (ou plutôt, "envoyez-les moi") !

Notre hôte, attentive, dont je lis la poésie ces jours-ci.

Les Momies de Palerme, exquises et floues.





Triptique de moi, fougueux of course. Haha.


Ménard solo, "ambiguous".

Yeah.

Et mon montage Word : trash!
(je suis pas mal fier de celui là)

vendredi 25 juillet 2008

Berlin 9 : Sous forme de lettre


Bonjour très cher(ère),

Je reviens d'une magnifique journée à la plage. Ah, la plage! Sable pâle où s'enfoncent doucement les orteils, soleil radieux roi du paysage et ondulations apaisantes du roulis de l'eau.

J'en reviens à peine et, J.-P. Chenet Cabernet-Syrah 2007 à 2.99 € à la main, nouilles sauce aux champignons sur le feu et sourire aux lèvres, je sens encore vivants le baiser du soleil et quelques grains de sable dans mes bas.

Vu l'heure à laquelle je me couche de ces temps-ci et ma rapidité habituelle à être prêt à partir de la maison pour quelques heures, je ne suis pas arrivé là-bas avant 16:30, mais le soleil était encore haut dans le ciel et l'eau plutôt accueillante. Quand avais-je senti ce sable sous mes pieds pour les dernière fois? Il y a 10 ans? Il y a 15 ans?

Ici, je n'ai pas vu de gros colon à glacière et taux d'alcool hors du supportable, ni de pitoune à grosses boules luisante d'auto-bronzant, ni de chiens en liberté, ni de frisbees ringards, ni d'enfants crillant leur surexcitation inexplicable. Décidément, soit j'ai été chanceux, soit les Allemands sont aussi différents que je le pense des Américains et Québecois que je me rappelle vaguement avoir vu en Floride et à Old Orchard.

"Vaguement", haha est bonne.

Photo de Wannsee trouvée sur internet. Là où j'étais installé, c'était beaucoup plus tranquille, par chance. Il y avait aussi beaucoup moins de maillots de bain. Je pense avoir choisi la bonne heure pour y aller : les familles étant arrivées tôt le matin étaient parties souper.


Bonjour très cher(ère),

Hier fut une journée coûteuse, mais dont chaque élément valait sont pesant d'or. Je m'étais encore une fois levé très tard (je crois avoir même battu un record personnel) mais avec la ferme intention d'aller me faire couper les cheveux. Donc aussitôt hors du lit, j'ai sauté sur la bicyclette et suis parti vers le salon qu'on m'avait recommandé. Rendu là, j'ai obtenu une place pour 18h et j'ai donc eu un bon deux heures pour boire un café, manger un genre de biscuit/croisant (j'ai déjeuné à l'européenne, en effet), et me promener dans les rues avoisinantes.

Je suis tombé assez rapidement sur un magasin de partitions de musique. J'ai regardé presque tout ce qu'il y avait là-dedans... on n'a pas ce genre de magasin au Québec du tout. Il n'y a qu'au Archambault où l'on peut trouver un peu de classique, mais c'est habituellement autant hors de prix que contre mes principes d'acheter là. J'ai donc fait ma sélection mais suis parti continuer ma promenade sans rien acheter. J'ai bien pensé à mon affaire, et je me suis dit que finalement, s'il y a un "souvenir" que je veux bien me rapporter d'ici, c'est une partition de piano de Schönberg (Drei Klavierstücke, op.11, à 11.50 €), et, tant qu'à faire, ce livre usagé de Bach (15 inventions à deux voix, à 2.50 €).

Alors voilà que j'ai complété la partie "acheter des souvenirs" de mon voyage : j'ai un petit drapeau allemand trouvé dans la rue et deux partitions de compositeurs allemands achetées sur place. Quoi demander de mieux!

Ensuite j'ai eu droit à ma coupe de cheveux (19 € + 4 € de tip, je m'étais informé des coutumes...). La coiffeuse ne parlait presque pas anglais, mais on s'est bien compris quand même. Elle était bien gentille et surtout très à son affaire.

J'ai ensuite fait l'épicerie, enfin! Voici ce que j'ai eu pour 10.10 € :

- 4 bananes.
- 3 pommes.
- Un pain blanc ordinaire.
- Un sac de muffins anglais multigrains.
- Des oeufs (paquet de 10).
- Un paquet de tranches de poulet "au paprika", du genre viande froide mais pas mal mieux que du "poulet pressé".
- Des céréales : muesli au chocolat. Ils ont beaucoup de céréales au chocolat ici (yeah!).
- Un sachet de nouilles sauce aux champignons.
- Un gros sac d'emmenthal déjà râpé.
- ... et le sac de plastique, qu'on paie ici (yeah!).

J'inclus donc deux photos : la première prise tout de suite en revenant de mon expédition, alors que j'étais tout fier de m'être enfin fait des toast dorées (j'ai trouvé du "sirop d'érable canadien" à la pharmacie) et voulait en même temps immortaliser ma coupe de cheveux ; la deuxième prise à l'instant, il y a deux minutes, montrant mes partitions (j'ai don' hâte de les essayer), après ma journée à la mer au gros soleil. Je ne suis pas trop "fan" de mettre des photos de moi ici, mais comme tout le monde veut voir ma coupe de cheveux "berlinoise", voici :



Et puis là, le moment est venu (encore) d'envoyer quelques photos prises avec mon cellulaire. Quand je m'arrête pour prendre une photo comme ça, le cellulaire à bout de bras, tout en sachant que la qualité va être exécrable, c'est que je pense que ça vaut vraiment la peine d'être partagé.


Voici une publicité de cigarettes pour la marque "Route 66", vue dans un abri-bus tard le soir. Le mec tient son gros tuyau bien planté dans le derrière de son char et la fille le regarde d'un air amusé. En arrière-plan, on voit ce qui se passe plus tard :

Le gars qui allume avec tout ce qu'il peut de galantrie la cigarette de la fille! Hé héh é, les publicités de cigarettes resteront toujours étranges pour moi, d'autant plus que l'on n'en a pas vues depuis quelques années au Québec (sauf dans le "Nightlife magazine"... pourquoi?).

Mes voisins de palier s'appellent Assmann. Hahah ha et ils ont des chats et ça pue vraiment quand tu passes proche de leur porte. Ça doit être atroce à l'intérieur.

Les deux prochaines photos ont été prises au Schwuz, un bar gay à peu près de la grosseur du Parking à Montréal. Pouvez-vous reconnaître la pochette d'album qui était projetée toute la soirée en guise de décor?


Et puis durant toute la soirée, le nom du groupe qui était en train de jouer était projeté. Enfin, plus la soirée avançait, plus le DJ écrivait des niaiseries avec la projection, mais voici tout de même un nom de groupe que j'ai photographié en dansant à moitié sur "Where is my mind?..."


Passons maintenant à une petite thématique NIRVANA :

Citation vue dans la vitrine d'une boutique branchée sur une rue du genre Saint-Laurent à Montréal : "It's whatever you want to make out of it, it's your own crossword puzzle. - kurt cobain". Je ne sais pas trop où le propriétaire de la boutique voulait en venir avec ça, surtout que la place n'avait pas l'air super intéressante.

Saviez-vous que le service de transport en commun de Berlin (BVG) a été partenaire dans la réalisation de "la plus longue photo au monde"? Moi non plus je le savais pas, mais on peut voir cette photo dans une des stations de métro, et c'est en fait plein de gens en face d'un train de métro (sujet assez drabe). Mais j'ai tout de suite spotté le dude avec le coton ouaté de NIRVANA. Haha!

Ça c'est moi ou Julie à 15 ans.

Alors voilà comment se termine cette fausse lettre envoyée à tout le monde et personne. Je ne m'ennuie pas du tout de Montréal, ni de rien ni personne en fait, mais je ne pense pas que je pourrais faire ma vie ici sans jamais pouvoir parler ma langue maternelle (qui est bien loin du "français international" que j'ai quand même bien du plaisir à utiliser avec mon ami Florent, de Paris).

En passant, la pochette en guise de décor au Schwuz, c'était My Bloody Valentine. J'avoue que la photo n'est pas évidente. Mais, quoi?! My Bloody Valentine?! Comme décor? Yeah! Ceux qui me connaissent et connaissent le groupe peuvent avoir une idée du feeling que ça fait de voir ça dans une place de gay pour moi.

Sachez aussi que l'autre soir je suis allé chez un ami Allemand qui a tout Babes in Toyland en vinyle. Ça, ça torche! On a aussi écouté Pretty on the Inside (Hole), en vinyle. Hummm...

Peut-être encore la plage demain pour moi. Le beau temps est revenu ici avec autant de hâte qu'il était parti il y a quelques semaines. Ça serait fou que de ne pas en profiter, d'autant plus que le compte à rebours du départ commence à clique tiquer dans mon esprit.


Ah , et puis non, je ne suis pas allé voir Obama parler aux Américains en direct de la Siegessäule de Berlin.