jeudi 17 avril 2008

Jeudi d'la mort + finale poétique

Si je dis jeudi d'la mort, c'est que c'est bien au jeudi que je veux affubler le vil néo-épithète - et non à moi-même - et que c'est bien la mort elle-même qui se manifesta au fil des heures. Une mort bien universelle avec ses facettes toutes personnelles: la mort de mon cours de Calcul, la mort de mon cours d'Analyse et celle de mon cours de Géométrie, puis une mort un peu plus collective (bien que perçue individuellement), celle de l'hiver.

Amusant de penser que la mort peut à la fois signifier la lente agonie de quelque chose (ou de quelqu'un, j'imagine) et sa brusque disparition. La mort de la mort? Pourquoi pas. Ça sonne comme un groupe de métal français - forcément mauvais.

Les mots sortent difficilement en ce moment, tout s'entremêle et s'entrechoque à la sortie, tout est confus par trop de rigueur... retour du balancier.

Il fut un jeudi 17 avril 2008. Il ne lui reste plus que quelques heures à vivre (moins de 4, probablement moins de 3 à la fin de ceci). Je pense souvent à la mort des jours. Devrais-je être triste de ne plus jamais revoir de ma vie le jeudi 17 avril 2008? Plus personne ne pourra le revivre, ç'a du bon, finalement. Beaucoup de bon.

[00:00 - 00:30] Je sors de la douche. Oui, j'ai pris ma douche à minuit, et alors!

[00:30 - 00:45] Dernières bribes de "chat" (jamais je n'utiliserai le mot "clavardage") soutenu, le reste s'effilochera en monosyllabes.

[00:45 - 01:45] Je lis toute la théorie dont j'aurai besoin pour compléter mon devoir d'Analyse Numérique.

[01:45 - 02:00] Un 15 minutes de youtube bien mérité.

[02:00 - 06:30] Première mort et résurrection, je dors. Notons un premier calcul : de 2 heures piles à 6 heures et demi, il y a 3 cycles de sommeil complets d'une heure et demie chacun.

[06:30] Sonnerie de cellulaire. C'est mon réveil-matin depuis que j'ai failli passer au feu parce que le fil de l'autre avait serpenté jusque dans le calorifère, et que Monsieur a décidé qu'il faisait froid. Je repousse donc l'heure du lever à 6 heures trente-cinq, deuxième calcul : 6:30 + 5 minutes = 6 heures trente-cinq.

[06:35] Sonnerie de cellulaire. Et deuxième repoussement, troisième calcul.

[06:40] Légèrement nauséeux, je reprogramme l'alarme à 6 heures quarante-cinq (pour être sûr) et je fais une tournée de mes e-mails, facebook, myspace, youtube. Rien de nouveau sous le soleil, qui plombe presque déjà.

[06:50 - 07:15] Ce que l'on appelle le déjeuner. Toast dorées, beaucoup de sirop de poteau, lait, jus d'orange, café, plus qu'il n'en faut, et set-up de la "table de travail" (mieux connue sous le nom de "table de cuisine"). Calculs simples : 1 oeuf + 1 oeuf, 1 cuillerée de café + 1 cuillerée de café + 1 cuillerée de café + 1 cuillerée de café.

Et là ça commence pour vrai

[07:15 - 12:45] Devoir d'analyse numérique. Calculs innombrables dont celui-ci, que je compterai plus tard sur mes doigts : il s'agit de 5 heures et demi de travail, sans arrêt, où je transcrit plus d'une cinquantaine de fois le contenu palôt, à 10 chiffres après la virgule, de l'écran de ma Ti-80.

[12:45 - 12:55] Petit moment à la salle de bain, la "barbe" de deux jours s'en va, et je me sens de plus en plus malade, étourdi, bruits d'estomac à l'appui.

[12:56] Je suis sur le perron, direction l'école. Je n'ai toujours pas commencé à étudier mon examen final de Calcul (notons la majuscule, car on parle ici du cours, Calculus qu'ils disent en anglais, je crois l'avoir déjà mentionné) prévu pour 15 heures.

[13:11] Je me suis concentré sur un point devant moi et sur My Bloody Valentine dans mes oreilles en attendant que les 5 stations de métro passent. Je vais voir le prof. de Calcul pour récupérer un devoir récent et m'en inspirer pour la feuille de note recto-verso permise à l'examen.

[13:16 - 14:44] Révision pour l'examen, rédaction de la feuille de notes en exactement une heure et demie. À ce moment, je suis extrêmement conscient du temps qui passe.

[14:44 - 14:56] Je prends l'air, fume une cigarette, je me sens mieux.

[15:00 - 17:10] Examen. Je n'aime pas parler d'un examen alors qu'il est fini. Disons juste que c'était encore plus difficile que ce que j'avais imaginé, et que l'on verra les résultats en temps et lieux.

[17:10 - 18:00] J'oublie que j'avais pensé à m'apporter un lunch et dépense mon dernier 3$ sur un genre de pain aux épinards et olives ma foi assez bon. J'oublie de remettre mon devoir fait le matin.

[18:00 - 19:30] Je vais remettre le devoir en question (incomplet, mais de si peu) et arrive en retard au dernier cours de Géométrie. Et c'est le trajet inverse. My Bloody Valentine dans mes oreilles, j'ai troqué mon point fixe pour le mot croisé du journal Métro, toujours le bienvenu.

Et c'est fait. La mort dans l'âme, ou pas, je rentre à la maison où mon coloc se terre encore et toujours dans sa chambre.

Fait intéressant : Si je me rappelle bien - et c'est ce qu'en témoigne un sac de plastique plein de mouchoirs séchés près de mon lit - j'avais la grippe. Eh bien, la grippe est morte, je l'ai soustraite de l'équation. Il ne m'en reste plus qu'un vague souvenir, mêlé à une sensation un peu trop précise de la rotation de la terre sur elle-même.

[Plus tard ce soir] Plus tard ce soir je dois compléter la musique pour un court-métrage dont j'ai accepté la fonction de "musicien improvisateur, conception", et envoyer le tout à mon contact.

Cher lecteur, tout ceci fut bien aride à lire, n'est-ce pas? Ne nous quittons pas ainsi, la tête pleine de chiffres, ne nous quittons pas sans un brin de poésie. Aujourd'hui fut une journée objectivement magnifique (ma subjectivité l'a rendu tout autre, je crois avoir bien transmis cet élément), et j'ai profité d'une de mes 2 pauses cigarette de l'avant-midi pour prendre ces trois clichés, signes qu'avant la mort, il y a la vie. Ou l'inverse. Je n'ai plus de cigarettes.


En passant, j'ai découvert qu'en cliquant sur un photo, on a accès à sa version grandeur nature. À vos souris.

Rémy

mercredi 16 avril 2008

Mean de rien + deux endroits

Mercredi seize avril, midi trente-sept. J'ai déménagé mon ordinateur devant la fenêtre, pour me forcer à regarder dehors de temps en temps, il fait si beau encore une fois. J'ai tiré le rideau (un drap vert forêt volé dans le train il y a près d'un an) et j'ai ouvert la fenêtre d'un pouce, question de changer l'air un peu, question de remplacer mon air pollué de grippe, de cendrier plein et de sommeil agité par celui beaucoup plus sain des voitures, des cris d'enfants et d'urbanité en général.



Des gens traversent le parc, en petits groupes ou seuls, accompagnés ou non d'un chien ridicule. Beaucoup d'entre eux traînent un sac de plastique, étrangement, même ceux sans chien. Que font-ils? Qui sont-ils? De quoi parlent-ils?

Moi je les observe, du haut de mon petit pays à moi. Mon pays de poussière et de monticules divers, symboles de tout ce que je fais, de ce que je suis et me voilà qui en parle. À ma droite le monticule des jeans, cardigans, bas dépareillés et sous-vêtements épars. À ma gauche le monticule des fils : le fil de l'imprimante, les 3 fils du kit de son, le fil ethernet (dont je ne me sers jamais), une paire d'écouteurs avec son fil pendant et s'emmêlant dans le fil pour rechager mon cellulaire. Derrière moi, un mélange hétéroclite du monticule de ma grippe : lit défait, sac de plastique plein de mouchoirs pleins, livres d'école fermés, quelques CD (Schönberg, Léopard et moi, Kathy Kennedy, Blonde Redhead), quelques cassettes (Bach, Fecal Matter, John Zorn). Et un peu partout, tels des étoiles dessinées au crayon blanc sur une carte du ciel, les minuscules monticules de vaisselle sale qui s'accumulent... Tasse "Francine" par-ci, deux verres transparents par-là - avec fond de jus en prime - , grande assiette surmontée de fin de toast au beurre de peanut, petite assiette sertie d'une fourchette zéro carats et graines de petit pâté au poulet.

À travers la foule bigarrée des souvenirs récents et anciens trônent quelques plantes survivant au régime plus que désertique auquel je les astreins.

J'écoute l'émission de Christiane Charette en version électronique, tentant de me faire croire que je me suis bien levé à une heure raisonnable ce matin. Christiane Charette, telle une prêtresse du temps, dicte en mon pays l'heure qu'il est, qu'il était et qu'il sera. "En direct, mercredi seize avril, c'est Christiane Charette qui vous parle."

Ça parle de télé, à 9h06, j'y connais rien, je m'en fous, mais j'ai besoin d'avoir tous ces gens passionnés se rencontrant et discutant, perchés du haut d'un des tas de cochonneries de ma chambre.

Internet a fait défaut (signe qu'il ne faut jamais dire jamais, alors que je suis maintenant connecté au monde via le fil ethernet, qui a quitté ses amis), une fraction de seconde, assez pour que tous se taisent chez Christiane Charette et que me viennent à l'oreille tous les bruits de la ville, comme une rûche d'abeille sur laquelle on aurait fixé microphone, amplificateur et pédale de distortion. J'ai la tête prise dans un étau et tout bourdonne autour de moi sans que je puisse m'en sauver.

Il y a deux endroit essentiels dont je ressens périodiquement le manque ici :

1 - Un endroit calme et paisible où l'on n'entend pas le bruit des autos et des gens, un endroit où il n'est pas nécessaire de construire une fausse chute - source efficace de bruit blanc, capable de tout masquer ce qui l'entoure - pour éteindre la rumeur motorisée et humaine.

2 - Un endroit où il est permis de faire du bruit sans déranger personne. Car bien que le bruit soit omniprésent et omnipotent, on n'a pas le droit, du moins c'est l'impression que j'ai eue à regarder les visages autour de moi quand j'ai essayé, de le perturber. J'ai souvent envie de jouer du violoncelle, par exemple, mais où aller, sans que sans cesse quelqu'un s'arrête pour me dire que sa tante aussi jouais du "violon" avant de tomber du cancer, que le violoncelle c'est "si beau"? Où est-ce que je vais si j'ai envie de jouer du violoncelle "pas beau", loin du souvenir des violonistes de campagne dont je n'ai honnêtement rien à cirer? Hier, en voyant l'itinérante couchée en plein milieu du corridor du métro, j'ai pensé que c'était peut-être une leçon de vie qu'elle donnait là... Que peut-être parfois il fallait faire fi de tout ce qui nous entoure pour apprécier les choses autrement. Mais tout celà goûte beaucoup trop Montréal.

Une dernière tranche de vie avant d'aller beurrer épais sur mon pain d'aujourd'hui. La semaine dernière, il a fallu que j'attende près de 4 jours avant de pouvoir enregistrer la dernière étape de ma nouvelle toune : la track de voix. Je savais que je voulais crier un peu, une bonne vieille toune qui rentre au poste, hurlements en sus. Mais mon coloc était TOUJOURS dans sa chambre. Il n'est pas sorti pendant 4 jours! Bon, je ne lui en veux pas, c'est tout à fait normal de ne pas avoir de vie sociale en fin de session, mais j'ai tellement retenu en dedans ce que je voulais faire, que je crois bien que c'est la cause directe de la grippe que je soigne encore aujourd'hui. Il a finalement eu faim, au bout de 4 jours, et est parti 10 minutes à l'épicerie, ce qui m'a donné juste assez de temps pour enregistrer un premier jet voix (voir le lien sur cette page à droite : "Rémy et son côté pop"). Je ne suis pas vraiment satisfait du résultat, mais je ne crois pas pouvoir me reprendre d'ici une autre semaine : la prochaine fois que mon coloc s'absentera. Je cherche donc encore un endroit où j'aurais pu aller crier à ma guise dans cette ville bruyante où l'omerta règne quand même.

Rémy

mardi 15 avril 2008

ma montréalité

Collection de photos croquées sur le vif.

Itinérante, Métro Place-des-Arts, mardi 15 avril 2008, 21h15. Et c'est toujours quand tout de Montréal m'énerve que j'ai ce genre de visions. J'ai vu cette madame là quelques fois, déambulant (ou pas) dans sa réalité à elle. Je la reverrai sûrement, comme le reste des gens que j'ai vus la contourner tantôt.


SAC TROP LOURD, veuillez utiliser 2 sacs? Pogne pas les nerfs, la porte!


Julie visite l'endroit le plus inusité et le plus réconfortant dans toute cette ville grise : la toilette vert lime de mon école, 2e étage du pavillon SH.


Vous avez-tu du tissue?


Prenez garde au peigne. Oh, c'est vrai.


Steven Lu en pleine possession de ses moyens, nous expliquant quelque théorème essentiel.


Triptique de la mouche, finale en main d'Algèbre.



Deal?


J'en connais un qui se retourne dans sa tombe, sur un gyropatente là.


Je m'ennuie de ma grosse congère carougeoise.


Rémy

La nuit du blog + journal intime

J'hésite encore entre "blog" et "blogue" mais je crois que le premier gagne en tant que nom commun et le deuxième comme verbe. Je blogue ce matin parce que toute la nuit j'ai blogué dans mes rêves. C'est vrai.

J'étais rendu à 6 blogs de rédigés ce matin quand je me suis réveillé. Je voyais bien clairement leurs titres, les photos qui les accompagnaient et leurs propos divers qui égayaient ma page, je m'étais vu les penser, les écrire, les corriger, les dorloter de mes mots les meilleurs, mais malheureusement - ou heureusement - , rien de tout celà ne remonte à la surface de mon mal de tête carabiné d'aujourd'hui.

Quelques visions de rêve ont bien sûr subsisté après l'appel du beau gars de la Banque Nationale (aussi bien se l'imaginer beau et compatissant, surtout quand on a des dettes énormes), mais elles appartiennent à d'autres mondes : moi qui gare ma petite voiture au pied de mon gros bloc appartement, parce que j'ai peur de conduire dans le stationnement sous-terrain (note : je n'ai jamais conduit, ni habité dans un bloc appartement), moi qui rencontre mon amourette d'été dans les escaliers et lui passe cavalièrement ma main sur la joue (note : amourette il y a eu, à sens unique je crois bien et je ne suis que très peu cavalier), moi qui rencontre Mike Lee le vlogueur, et le trouve fort sympathique au milieu de mes amis...


Il fait beau soleil aujourd'hui sur Montréal. Tellement beau qu'on croirait percevoir des nouvelles teintes de gris et de brun dans le bichrome habituel. Oh quel gris profond! quel brun précis! quel beige envoûtant! quel blanc sale inspirant! Hervé se porte bien, le voici, resplendissant de brun profond et de gris acariâtre sur son sol Inca mordoré aux exhalaisons envoutantes.
Journal intime (on dit que c'est de cette façon que les blogueurs s'exprient le plus):

Ce sera très bref, puisque je suis presque en retard à mon cours et que je ne suis même pas encore parti. Aujourd'hui s'amorce ma dernière (ou presque) semaine de cours de la session. En fait elle débutait hier, mais j'ai décidé, ou j'ai plutôt laissé le temps qui passait décider, de passer mon tour. Je vais donc subir dans moins de 20 minutes l'immonde du cours d'Analyse, l'infect du cours de Calcul (Calcul II, resp. Vector Calculus, pour les intimes, resp. pour les anglais) et le sommet de la déchéance du cours de Géométrie.

Il est venu le temps des cath... Est-ce je suis tout seul ou c'est vraiment agaçant ce bout d'air connu qui semble trop long d'un temps? Enfin, il est venu le temps de la catharsis vespérale de la saison du soleil, parce que j'en ai mon truck des cours où je comprends rien. Je m'étais lancé un défi en allant étudier les maths, eh bien je le relèverai, mais comme un Jésus sur sa grande croix flagellé, j'attendrai 3 jours pour la résurrection. Que les Marie-Madeleine de ce monde soient prêtes, car ce n'est pas à grands coups de tignasse sale sur mes pieds cloutés que je remontrai au faîte de l'édifice du bonheur dans 2 semaines.

Hummm, en fait je me vois déjà au sortir de mon dernier (ou même avant-dernier) examen, tout sourire, cerné jusqu'aux genoux mais heureux comme St-Pierre sur sa belle croix pratiquant la thérapie d'inversion.

Rémy

lundi 14 avril 2008

Pourquoi bloguer + Hervé le buisson ardent



J'ai un blog! J'ai un blog!


Ç'a été tellement facile à faire, c'est à se demander pourquoi je ne l'ai pas fait avant!
Je me suis pourtant laissé tenter avant aujourd'hui... par la poésie anonyme dans le journal étudiant de la faculté de musique de McGill, le graffiti subversif au crayon de plomb dans les toilettes du Diana, le vlog à moitié musical et totalement en anglais perdu dans les dédales innommables du tube humain (youtube, they called him), mais l'un était trop wannabe artiste, l'autre trop court, trop faussement anarchiste, et le dernier... trop anglais, trop verbeux en mots dits.

Ici, je serai verbeux mais dans l'écrit! Verbatif, verbiant, ferblantier de la phrase, lumineux de propos, extatique! Peut-être pas tous les jours. Mais ne m'arrêtez pas, là, bienvenue à mon Grand Opening là là, champagne et airs de flûte de pan avec jeune fille aux cheveux de lin et doigts en pattes de meuble antique derrière sa grosse harpe porno comme doucereux accompagnement vous accueillent, visiteur incongru, en ce lieu où tout est permis (j'imagine). En tout cas on peut fumer en dedans!

D'où me vient donc ce goût soudain du p
artage textuel à dimension finie? Vous me voyez venir, ein! "Était-ce ceci? Était-ce celà? À vrai dire, très cher il s'agirait immanquablement de l'heureuse concoction de tout ce passé sublime et glorieux (lire avec l'accent roucoulant d'une Parisienne à l'origine provencale)." Le pire c'est qu'on n'est pas loin de la vérité. Dix ans et plus de "chat" (faites-moi pas dire clavadage ou je vous clavade un pourriel en plein wall), auquel on mélange une languissante passion pour la lecture - languissante au sens où je me morfonds, je souffre et je dépéris à force de textbooks et de théorèmes et de patentes... ah et pi pour être honnête, retour au "chat", bête noire de l'intellectuel en manque de vie sociale - et un grand total de 2076 vidéos regardés sur youtube dont plus de la moitié sont des vlogs. Mais les vlogs, c'est pas mon truc, j'ai essayé.

C'est difficile bloguer! Trois paragraphes et
déjà je viens de me répéter! Et faut-il que je me présente, que je fasse ma petite bio, là, que j'attende de voir si vous me trouvez cool? Je la ferai je la ferai, où vous la lirez en ligne quelque part. Secret!

Voilà que j'en arrive à mon "sujet principal", c'est comme ça que vous appelez ça, vous les littérateurs? Moi j'ai l'avantage de l'étudiant en math ex-étudiant en musique pour ce qui est de la structure de texte canoniq
ue. J'ai le droit à l'erreur, à la chance du débutant, à écrire "je" juste après "moi". Moi je moi je moi je! Haha ha vous m'enviez ein! Et je prends un instant pour savourer la vision qui m'assaille, je m'imagine une foule de littérateurs typiques, d'une main tenant la nouvelle bio de la féministe là, c'est quoi son nom, de l'autre tripotant un bout de barbe, café froid du matin sur le coin de la table, dictionnaire à portée de main (bien qu'on ait vu que les deux étaient occupées), canapé brun derrière et reproduction insipide de Monet dans un cadre IKEA près de la fenêtre aux rideaux tendus... Stop.

Cher lecteur, je te connais probablement déjà personnellement et c'est pour parler de Hervé mon nouvel ami que je t'ai convié. Y a-t-il quelque chose de plus détestable que de se faire tutoyer comme lecteur? Non mais vraiment...

Hervé Hervé Tous les jours, Hervé
Hervé Everyday Hervé
Qui de l'inconscient de ma main s'enorgueille
Aura-t-il fallu atte
ndre à aujourd'hui
Pour que d'un brusque élan passionné
Tout mon corps transi de grippe étourdissante
S'arrête à tes p
ieds nombreux
Pour chanter, oh combien silencieusement
Ma joie de te nommer?

Hervé Hervé my baby Hervé
Hervé le
petit Hervé
Qui de l'innocence d'un regard s'étiole
Le bourgeon au vent ressuscité de l'hiver
Hervé je t'ai
enfin remarqué
Et en te voyant j'me suis vu
Et pi fallait j'en parle.

Alors voilà, je fais mon coming out de plante, Luc Plamondon peut aller se rhabiller. J'ai donné un nom au buisson raboug
ri qui m'accueille chaque jour depuis 5 ans au pied des escaliers de mon 4 et demi bancal, urbain et surtout ubain dans le genre montréalais. Hervé, c'est ça son nom maintenant. J'ai décidé qu'à partir d'aujourd'hui, ça serait la joie de ma journée, que cette petite chose banale allait me faire sourire alors que je sors affronter d'autres banalités moins heureuses. Je vous le présente, Hervé (applaudissements, échanges de vieux Kleenex pliés).


Tous les jours, sur un trône majestueux de détritus (le pluriel de détritus, c'est détriti?) s'élève tout aussi majestueusement Hervé. Je ne sais pas pourquoi c'est aujo
urd'hui que je me rends compte qu'il existe, mais, enfin... Tous les jours avant de monter l'escalier, je lui donne une petite tape, un petit "yo! ça chill?", un petit "hey, je te touche mais je me rends même pas compte que t'existe, yo!" C'est quand même plus que ce que l'on m'offre dans mon rôle d'usager du métro, ou dans mon rôle d'étudiant, ou dans mon rôle de blogueur! Haha j'ai un titre!

Pourquoi bloguer, suite :

Voilà, c'est si facile de parler (de soi et d'autre -notons le singulier singulier de "autre") quand on écrit - en tout cas pour moi. Si quelqu'un qui ne me connaît pas lit ceci, il sera surpris de ne me trouver que très peu loquace en personne... Cet été verra l'aboutissement certain d'un projet imprécis que je cultive, que je transpote et recultive depuis maintenant 3 ans : l'été à Berlin. C'est ici que je partagerai mes premières impressions de la ville, mes clichés désopilants, mes confidences savoureuses "et bien plus encore" tout au long de mon périple.

D'ici là je reviendrai, cher lecteur, ne t'en fais pas, je reviendrai chiâler sur les études qui n'en finissent plus, m'étonner de la platitude du quotidien, partager mes vlogueurs préférés sur youtube. Je parlerai de e-stalking sur facebook, myspace et toutes ces affaires là. Je parlerai de musique, de spectacles renversants, d'amours inavouées. Ah! comme il m'est doux et agréable d'utiliser le féminin pluriel de ce mot. J'en trouverai, des amours à oublier et à désavouer, des orgues à conjuguer et des chansons d'amour et de libertéeeheé.

Rémy