La lune de miel est terminée. Je n'ai pas tenu le rythme du blog quotidien. Je n'ai pas non plus lâché l'idée complètement.
J'avais bien lu "Le pianiste temporaire est rémunéré selon un taux de [
x] $ / h pour toutes les tâches reliées à l’accompagnement. [On] reconnaît une heure (1) de préparation pour chaque heure accompagnée." Mais je n'avais pas bien lu la phrase qui suivait : "Le taux de [
x] $ / h inclut donc l’heure de préparation et l’heure d’accompagnement." Je me retrouve avec un chèque de paye deux fois plus petit que celui auquel je m'attendais... chaque heure payée en accompagnement
inclut donc une heure (non rémunérée) de préparation. Câlisse.
C'est des problèmes d'adulte et c'est ce qui me dérange le plus. L'argent, who cares about le fuckin argent? Les gens qui s'en font pour ça sont les cupides et les dans marde. Les cupides on les connaît, les dans marde sont ceux et celles qui en arrachent pour joindre les deux bouts, qui hésitent avant de s'acheter un café de peur que ça ne passe pas sur la carte de crédit -- le compte chèque est vide de toute façon. Les dans marde sont ceux et celles qui font vivre les banques, qui se plaignent tout le temps et qui devraient se fermer la gueule, ils avaient juste à y penser avant. Les dans marde peinent à se tenir debout devant la pression de travailler à salaire fixe (et dérisoire) pour une grosse boîte 37,5 h par semaine. Je ne sais pas combien te temps je pourrai tenir.
Ce matin j'ai pris le métro pour la première fois pour aller au travail. Il y avait un orage matinal, je ne me rappelle pas avoir vu ça avant. Dans le métro, j'ai fait une liste des comptes à payer avec la paye que je pensais avoir : 700$ à la Banque, 200$ à la Caisse, 10$ pour manger. Oublie ça.
Je ne sais pas combien de temps je me tiendrai debout et me répéterai que je suis fort je suis fort je suis fort je suis fort. C'est tentant de basculer, de maudire toutes les paires de roues de bicyk à 5000 piasses qu'on se paye autour de moi avec l'argent du 60 h semaine pour la grosse compagnie, de rager sur les osti de restaurants toujours pleins de monde qui se peuvent pu de se les payer ici et ailleurs. Je marche lentement sous le soleil cuisant (car l'orage s'est rétracté pour un temps), je m'achète des souliers à 5$ et des bas à 2$ parce que les bottines que j'avais ç'a pas d'allure et les bas d'hiver de Noël 2011 fittent pu. Je marche lentement et je me traîne les pieds dans leurs nouveaux souliers usagés. Colisse que je suis tanné.
Les problèmes d'adultes sont ceux qui font renoncer aux passions au profit du quotidien. "Quand j'étais jeune, je voulais être musicien", de dire l'employé de la grosse tour à bureau. Moi quand j'étais jeune, je voulais simplement ne jamais être un adulte.
Je boirais, je mangerais, je fumerais, je me détruirais de luxes inutiles.
J'ai eu un pas pire horaire cette semaine : lundi 9 à 12 à l'École + 17 à 21 souper chez ma mère, mardi 9 à 12 à l'École + 16:30 à 20:30 sondages dans la rue, mercredi 9 à 12 à l'École + 19:30 à 22:30 pratique, jeudi 9 à 12 à l'École + 17 à 21 sondages dans la rue, vendredi 9 à 12 à l'École + 18:15 à 22:00 sondages dans la rue. Je travaille samedi et dimanche soir pour les sondages avant d'entamer ma dernière semaine à l'École lundi prochain. Je travaillais également en fin de semaine passée, un p'tit aller-retour à Rimouski pour honorer un contrat. J'espère prendre le temps d'en reparler car c'était vraiment une belle expérience, mêlée à des pensées qui vont vraiment dans tous les sens.
Je travaille fort, je travaille pas assez, je travaille pour pas assez, je travaille pas assez d'avance pour me trouver du travail et engraisser ma Banque.
Osti je suis tanné, je sens littéralement ma passion, ma fougue et mon ardeur naturelles laisser place à l'amertume, le vague à l'âme et la déprime. J'ai appliqué encore sur 3 jobs cette semaine, 2 à Montréal, 1 à Québec. Whatever.
Rimouski ne me manque pas pour une seconde. Le monde 100% "de souche", franco, hétéro, classe-moyenne-qui-essaye-d'avoir-l'air-classe-sup., uniforme et où l'ambition est dévaluée constamment peut bien rester où il est à ne pas changer.
Montréal me répugne tout autant qu'avant. Le monde du trafic, des carriéristes, de l'arnaque-même-pas-subtile, de la solitude version alone together, du racisme à demi-mot, des grandes activités grand public où les banlieusards viennent se saucer, du fric extrême (extrême pauvre et extrême riche), etc.
Je ne sais pas où est ma place. Québec me semble tellement un compromis que ça ne me tente même plus d'y retourner.
Je pense souvent aller passer quelques mois à Berlin. Puis je me demande comment je ferais pour nourrir mes pauvres banquiers québecois. Il faut se botter le cul pour partir, et j'ai tellement botté le cul de tout le monde que je n'ai plus la force ("...ou la faiblesse", disait Francine Raymond) de m'occuper du mien.
Segue : Je ne suis toujours pas sorti dans un bar de Montréal depuis mon arrivée. Pas de temps, pas d'argent.
J'ai souvent dit que "pas d'argent" n'était pas une raison pour ne pas sortir, je reviens sur ces paroles. Pas d'argent, c'est une très bonne raison d'être foutument mal à l'aise devant les possessions et les dépenses des autres. Sortir dans un bar, chauffer sa piscine creusée au propane, voilà de bons exemples de choses qui me rendent inconfortable. Je me dis, pour un quart du prix je n'ai plus de soucis pour deux semaines, pour un quart du prix j'ai un morceau de drum, une réparation d'ampli, un reméchage d'archet, un vélo qui tient la route (tant qu'à l'utiliser tous les jours été comme hiver...).
Je suis fatigué.