mardi 24 juin 2008

Berlin 5 : lundi 23 juin

Voyons voir si je peux me rappeler complètement de ma journée d'hier. Il me reste 55% de batterie sur l'ordi (ils ne veulent plus que je me branche ici : "jioqjdioqjiwoq strom s^qop oewqop strom iwoqp nicht strom"... "électrizität? nein?"... "jkldjksaljakl W-LAN o.k. hajshdjka asdhsahd dhj hsa dhs hakhd nicht strom."), j'ai bu mon café, je suis en train de manger une genre de brioche de "gestern" ("frais d'hier", à 0,50 €) et j'ai mon paquet de 18 cigarettes à portée de la main. Car, oui, c'est surprenant d'acheter un paquet de 17 cigarettes, mais c'est encore plus surprenant d'en acheter un ailleurs, de la même marque, qui indique 18 cigarettes. Et, oui, l'Allemagne est la terre promise : non seulement on peut se faire bronzer en costume d'Adam un peu partout (ces endroits s’appellent FKK, qqchose comme Freie Korpus Kulture), boire une bière bin relax dans un resto pi décider de la finir en marchant vers l'autobus, prendre une demi-heure chaque matin pour lire les 2 à 4 pages en caractère 8 d'offres culturelles (l'homologue boulimique de notre demie-page qui couvre la semaine dans le Voir), prendre le métro ou l'autobus 24h/24, 7j/7, mais on peut aussi fumer presque partout en dedans. C'est de cette façon, c'est-à-dire de la même façon que je le fais présentement, que j'ai commencé ma journée d'hier : café et cigarette à la main, chattant un peu trop, comme d'habitude, avec mes amis maintenant outre-mer. Est-ce que j'ai une routine? Peut-être. Peut-être aussi que l'abstinence d'internet en me levant est une situation que je ne peux imaginer en gardant le sourire. Donc hier, je suis arrêté à l'épicerie en revenant du Lecker Schmecker (petit café où je vais tous les matins, volant impunément l'internet du voisin) et j'ai bien rempli mon coin du frigidaire, pour 9,99 €. Je n'avais toutefois pas eu ma dose complète d'internet. Je voulais travailler encore quelques heures, mais je sentais que mon temps était écoulé au Lecker Schmerker, alors je suis parti, après un déjeuner 2 oeufs, confiture, pain de ... (pain de blé? aucune idée, il faudrait que je sorte mon dictionnaire pour le savoir) Un bon vieux déjeuner à la Québecoise bien mérité. Il était rendu presque 16h déjà, comme quoi le temps passe bien vite parfois et je fus surpris de trouver le Johann Rose (mon autre endroit de prédilection, genre de bar/café avec des vieux divans, des vieilles tables, des vieux chandeliers et un vieux piano qui s'exerce à Bach pas mal souvent de ces temps-ci) fermé. Les Berlinois ne s'en font pas avec ça eux : le dimanche et le lundi, beaucoup d'endroit sont fermés ou ouvrent un peu à n'importe quelle heure. Déçu, je reviens à l'appart. Brève description des lieux : en sortant de l'appart., en prenant par la gauche ("links"), il y a tout de suite l'épicerie, qui donne sur une rue croisant la mienne à 90 degrés *chance* et de l'autre côté, en face, le Lecker Schmecker. Si toutefois on prend à droite ("rechts"), à une minute de marche se trouve le Johann Rose. Alors je devais m'aventurer vers un autre café internet. J'en connais un, datant de mes premiers jours à Berlin, dans le quartier Schöneberg. Note aux musiciens : "Schöneberg", le cartier, ne s'écrit pas de la même façon que "Schönberg" le compositeur. Note aux gens qui iront à Berlin un jour : la station de métro "Kurfürstendamm" n'est pas du tout la même que "Kurfürstenstr.", tout comme la rue "Oranienstr." n'est pas du tout la même que "Ornanienplz.", même si les deux se croisent autour de "Oranienplz.", littéralement "la Place Oranien" (comme on a la "Place d'Youville" à Qc par exemple), et, évidemment, "Orianenplz." la place n'a rien à voir avec "Oranienplz." la rue, ni "Oranienstr." l'autre rue. J'essaierai de prendre une photo de ce genre de trucs. Près de l’appart. où j’habitais il y a deux semaines, on a "Lutzowufer", qui croise "Lutzowstr." et "Lutzowplz.", tout ça en face de l'hôtel "Hôtel Berlin Berlin", où les riches touristes ont une vue sur le parc "Lutzowplz.". Revenons à ma déception devant la porte close du Johann Rose, et mon envie d'aller prendre le métro à la station Görlitzer Bhf jusqu'à Nollendorfplz., la station qui mène au cartier Schöneberg. J'ai décidé d'emprunter un chemin alternatif pour m'y rendre (passant, évidemment, au travers Görlitzer Park puis croisant Görlitzerstr.) et j'ai été heureux d'apercevoir un Mac Book Pro et son utilisateur dans un autre petit bar/café, toujours à moins de 5 minutes de ma porte, mais de l’autre côté du parc. Alors je ne suis pas allé plus loin, j'ai branché mon attirail et commandé une grosse bière. J'ai jamais bu autant de bière en aussi peu de temps depuis les 3 dernières semaines, imitant le mode de vie des gens ici, tout en ayant un prétexte pour rester des heures de temps à la même place. J'ai donc travaillé encore un peu, tout en prenant le temps de chatter avec mon nouvel ami le musicien skateux dont j'ai parlé à la fin de mon "Berlin 2" et que je n'ai toujours pas revu, puisqu'il était parti faire "some artistic research". Très bien, on s'est donnés rendez-vous demain soir, 19.00 Uhr au métro Zoologischer Garten, pour aller jammer (il va me prêter une guit. accoustique, lui apporte sa bass sèche) dans un coin tranquille de Tiergarten, juste à côté. Notons la différence entre "Zoologischer Garten" (jardin zoologique) et "Tiergarten" (jardin d'animaux). En passant, l'autre fois en revenant de Tiergarten, j'ai pris un chemin alternatif (qui m'a rallongé d'une heure, oups!) et je suis passé à côté du Zoologischer Garten (pas la station de métro, mais le vrai zoo, bien que j'ai fini par aboutir à la station de métro, où j'ai accueilli à gosier ouvert un bon vieux café du Dunkin Donut) et j'ai aperçu des beaux oiseaux. Je digresse, je digresse, décidément, je serai un bon professeur quand je va être grand. Après ma session de travail et de chatt au bar (dont je ne connais ni le nom, ni l'adresse) je suis revenu par un autre chemin alternatif et je suis tombé sur un stand à poulet, où j'ai fait la file pendant 10 minutes pour déguster un délicieux demi-poulet bien gras (1/2 Hähnchen, c'est tout ce qu'il y a au menu à cet endroit, et ils en vendent du poulet!), pour ensuite revenir par Görlitzer park - où j'ai rencontré une lesbienne radicale, amie de mes colocs - et j'ai finalement pu jouer 2 heures de Bach sur le vieux piano, à côté du vieux divan sur lequel y'avait un vieux monsieur et son Mac Book Pro au Johann Rose. Rien ne se perd, rien ne se crée. J'ai fini par sortir de là vers 23h, sans payer (ils m'ont encore offert ma bière, parce que "c'est si beau quand je joue"), avec l'envie irrésistible de sortir, en ce lundi soir déjà tardif. Fin de l'intro.

Voyons voir si je peux me rappeler complètement de ma soirée d'hier. Il me reste 20% de batterie sur l'ordi, et j'en suis certainement à ma 4e cigarette depuis le début de ce blog. Comme je l'ai mentionné (un peu vite peut-être), depuis quelques temps, chaque matin je sors mes 3 revues gratuites et je regarde ce que Berlin a à m'offrir pour la soirée, i.e. l’offre culturelle. Hier j'avais spotté la soirée "Monster Ronson's Ichiban Karaoke Montag - Rock 'n' Roll Fag Bar". Inspirant, non? En fait le Monster Ronson's Ichiban Karaoke, c'est l'endroit où j'étais allé voir notre DJ Frigid de Montréal la semaine passée (ou l'autre d'avant) : c'est un assez grand bar, mais pas trop, sur un seul étage avec une piste de danse et quelques cabines à karaoké. Ceux qui veulent faire du karaoké se louent une cabine en groupe (c'est insonorisé) et sont complètement coupés du reste du bar. Les cabines peuvent accommoder de 6 à 16 personnes et la plus grosse est visible de la piste de danse - concept de l'aquarium humain - et c'est bien drôle de voir le party pogner là-dedans sans entendre la musique et les "chants" qui la remplisse. Décidément, les thématiques de zoo et de bière sont presque aussi présentes ici que celles du Mac Book Pro et des vieilles choses. C'est peut-être ça, Berlin, en résumé. Mais j'étais bien déçu en arrivant au Monster Ronson's de constater que le Rock 'n' Roll Fag Bar n'avait rien de rock 'n' roll et que j'allais encore me taper du dance/disco platte toute la soirée. La fille de l'entrée, à qui j'ai fait part de ma déception grandissante, m'a expliqué que "Rock 'n' Roll Fag" désignait en fait le type de personnes présentes et que d'une semaine à l'autre la musique était bien différente, mais que non, il n'y aurait pas de rock. Arrrr... Elle me dit aussi que le lundi, les cabines de karaoké sont ouvertes à tous, mais qui suis-je pour entrer dans un si petit endroit dans une gang de monde que je connais pas. Fort heureusement, et très unexpectedly, tout le monde parlait anglais dans le bar. C'est la première fois que ça m'arrive. Alors j'imagine qu'il faut ajouter à l'obvious des Rock 'n' Roll Fags qu'ils sont aussi anglophones. Ma déception était grandissante tout de même et après m'être fait refuser un remboursement de l'entrée pour fausse représentation, je suis parti presque en claquant la porte. Quelle merde! Mais en sortant, j'ai eu une vision assez rare à Berlin : un guichet automatique. Et je me suis dit que tant qu'à être là, je ne perdais rien à boire une dernière Urquell Pilsner et faire un peu d'observation urbaine. Bonne décision : en réentrant (clin d'oeil à la fille à l'entrée), on annonce qu'une présentation spéciale aura lieu dans les 5 prochaines minutes sur la scène principale. C'était très très cool, et je m'aventure à décrire en ces termes de quoi il s'agissait : une fusion entre l'art performance et un burlesque revisité à la sauce 1997. La fille arrive sous un mini tonnerre d'applaudissements (on était une 40taine de personnes, pas plus, dans le bar), vêtue d'une robe bouffante faite du même tissus carotté noir et blanc que la nappe placée sur une petite table derrière laquelle elle se met à danser. La musique commence et elle prépare lascivement une tarte aux cerises, derrière ses longs faux cils, sa mèche de cheveux rouge flash et ses talon hauts, très hauts : tout d'abord rouler la pâte, ensuite embrasser une par une les cerises qu'elle met langoureusement dans une assiette à tarte, puis placer la pâte par-dessus le tout. La musique s'arrête brusquement alors qu'elle met la tarte au four (en fait derrière le DJ, où on ne peut plus la voir). Elle revient alors et continue à danser (a-t-elle vraiment arrêté?) et enlève de plus en plus de vêtements pour finalement se retrouver en porte-jartelles rouge, talons hauts noirs et couvre-mamelons en paillette rouge. De nouveau la musique s'arrête : la tarte est prête (un gâteau blanc avec des cerises dessus). Les cache-mamelons vont vite rejoindre les cerises sur le gâteau et la fille de danser, pourlèchements inclus, avec son dessert. Elle démonte le rouleau à pâte, enfile une bobette spéciale et y visse le rouleau à pâte, maintenant devenu phallus énorme. Ce qui devait arriver arriva, le gâteau déposé sur la scène, la danseuse a tôt fait de lui faire l'amour fougeusement, en vitesse, simuler l'orgasme avec force crème fouettée en bonbonne giclante, et quitte la scène sous les applaudissements nourris des Rock 'n' Roll Fags, dont je fus peut-être alors membre. Ça torchait, comme show, c’était pas du tout porn, même si ça l’évoquait clairement, et le tout était vraiment fait avec un clin d’œil et un sourire coquin. Je n’ai pas parlé de la smoking lounge, vers laquelle je me suis tout de suite dirigé pour digérer le tout : comme le Monster Ronson’s (quel nom, vraiment!) est un bar non fumeur, ils ont pensé à une pièce fumeur, où il fait bon s’asseoir dans un des divans blancs Roche-Bobois entourant la table de pool que personne n’utilise, quelques décibels de musique platte en moins. Est-ce que la soirée allait se terminer ainsi pour moi? Après être parti une première fois du bar pour y revenir accueilli d’une performance pas piquée des vers, je me redirige lentement vers la sortie, avec un détour obligé vers les cabines de karaoké. Je passe, je regarde les gens chanter et je trouve ça bien drôle, puis un gars me fait signe de venir les rejoindre sa cabine. Hésitation, mais très peu. Je suis accueilli par 6 personnes : 2 gars, 4 filles, début trentaine je dirais, bien que je sois assez poche dans ces devinettes là, et encore plus ici, où je ne cesse d’être surpris de découvrir l’âge des gens. Autre digression : je suis sorti avec une de mes colocs l’autre fois : on est allé voir un trio de filles Turques qui font du hip hop en allemand. Yeah! Leur spectacle faisait partie du "48 hours Neuköln", une série de spectacles gratuits pendant une fin de semaine dans le quartier Neuköln, genre d’hybride Hochelaga/Plateau, quartier en train de devenir branché mais qui conserve ses racines un peu trash. Digression dans la digression : cette fin de semaine là, il y avait aussi le "Lesbischwules Stadtfest" ("Fête d’état des gays et lesbiennes", à ne pas mélanger avec la vrai "CSD", aussi connue sous le nom de "Christopher Street Day", le nom que l’on donne un peu partout en Europe à la "Pride" officielle, appelée "Fête Arc-En-Ciel" à Québec et "Divers/Cité" à Montréal. Vous me suivez, là? Alors je suis allé, dans la même journée et sans jamais rien payer, aux "48 hours Neuköln", "Lesbischwules Stadtfest" et un autre festival : "Fête de la Musique", comme quoi le français ici, comme l’allemand chez nous, est parfois d’un exotisme tel qu’on l’utilise pour nommer des choses que l’on veut cool. À chacun de ces événements d’envergure il y avait un nombre impressionnant de personnes. C’est en voyant ça qu’on se rend compte à quel point Berlin est une grosse ville, parce qu’autrement, on n’a jamais l’impression qu’il y a tant de monde que ça ici, tout est si calme, les endroits si petits… l’absence de gratte-ciels, de gros centres d’achats… L’autobus qui n’est jamais plein à craquer… Fin de cette digression, on revient au show de hip hop. Eh bien c’est cette soirée là que j’ai appris que ma coloc (à qui je donnait 25 ans) en a en fait 33, et que mes autres colocs, à qui je donnais respectivement dans les 23-24 ans en ont 27. Et on revient au karaoké, où, dans le fond je suis bien embêté de vous dire l’âge des personnes avec qui je me suis retrouvé, qui m’importe peu de toute façon, sauf dans l’éventualité où j’ai envie de raconter l’histoire de ma soirée. Alors je suis évidemment rentré dans la cabine en plein milieu d’une toune kétaine, je ne me rappelle plus laquelle, et j’ai commencé à regarder le cahier des tounes pour m’en choisir une à chanter. Le karaoké allemand et pareil au karaoké Montréalais : les même tounes pop entendues 1000 fois, mais que je connais pas (c’est sûr qu’il n’y a pas de hits francophones ici, et qu’on voit par-ci par-là un titre de toune en allemand), et bien peu de musique intéressante, mais ça reste bin le fun pareil, et tant qu’à ça j’aime aussi bien réentendre pour la centième fois un hit des années ’80 chanté faux qu’un hit début 2000 entendu cinquante fois au Unity. Mais surprise des surprises, quand la toune qui m’a accueillie s’est arrêtée, le prochain chanteur-d’un-soir a demandé le numéro de la toune qu’il voulait (dans ce karaoké, on a une télécommande et on pitonne le code de la toune nous-même) en FRANÇAIS. "Trois cent-vingt, zéro huit", douce musique à mes oreilles, après ne pas avoir entendu de français ou presque depuis les 3 dernières semaines, je suis allé d’en un bar, j’en suis reparti, j’y suis revenu presque par dépit, juste avant d’en repartir définitivement, je me suis ramassé dans une pièce grande comme ma main avec 4 autres francophones de France habitant Berlin! Et c’est drôle l’interaction que tu peux avoir avec les gens au karaoké : la musique est si forte que t’as maximum 10 secondes, entre chaque toune, pour converser, alors c’est parfait, tout le monde s’entend bien. On callais les numéros en français, je me suis fait demander si j’allais chanter les Cowboys Fringants, ou Linda Lemay (dont ils ont l’air de penser la même chose que moi), et puis un moment donnée les 2 filles ont chanté une toune d’Alanis Morissette, "ma fierté nationale", que je n’y même pas reconnu avant le refrain. Alors une soirée qui s’annonçait moche s’est transformée en un party étrange et bin le fun. Je me suis prêté au jeu de trouver des tounes que je connaissais dans le livre et j’ai chanté In Bloom (Nirvana) drette en partant, puis Strawberry Fields Forever (Beatles), puis dans le désordre Drama (L7, eh oui, il y avait une toune de L7), Celebrity Skin (Hole), Subterranean Homesick Blues (Bob Dylan), Head Like a Hole (Nine Inch Nails, très étrange comme toune de karaoké, hahaha, surtout suivie de Wonderwall, Oasis), Killing Me Sofly (version Fugees) et 1979 (Smashing Pumkins). Mais là, faisons un calcul rapide cher lecteur : on était 4 ou 5 personnes à se passer le micro, et la durée moyenne d’une toune de karaoké c’est pas mal 3min30 (parce qu’il y en a des longues, genre Bye Bye Miss American Pie qui arrête pu pendant 10 minutes), alors mettons 4.5 personnes *fois* 3.5 minutes, ça fait un peu plus de 15 minutes pour faire le tour, *fois* les 8 tounes que j’ai chanté, ça fait que je suis resté là avec mes Français et Françaises plus de 2h, sans compter les qq fois où je suis sorti prendre un break. L’heure était déjà avancée avant que je les rencontre, mais je n’en ai pas cru pas mes yeux quand finalement on est sortis de là en pleine journée d’été, ciel bleu clair à l’appui. Sacrés bars sans heure de fermeture fixe, et temps qui passe bien vite ; il était 4h30 du matin. Je suis resté sur le trottoir un peu avec mes amis de la soirée, j’ai revu la performeuse, le maquillage un peu défait mais les faux cils toujours bien en place et puis j’ai tout simplement pris le métro vers chez moi (vive les métros ouverts 24h, même dans la nuit de lundi à mardi). Sur mon retour j’ai vu encore quelques petits bars ouverts, du monde qui prenaient une bière dehors, bières qu’ils venaient sans doute d’acheter au dépanneur. J’ai failli m’en acheter une aussi, juste pour faire quelque chose qui serait tout à fait illégal dans mon pays, mais j’ai passé mon tour. Les oiseaux chantaient, c’était beau et je me suis endormi ça pas été long.

Voyons voir si je peux me rappeler complètement de ma journée d’aujourd’hui. Il me reste 66% de batterie, car après avoir atteint le seuil critique du 1% de batterie au Lecker Schmercker, je suis rentré utiliser le "strom" (le courrant, autrement dit l’électricité) de l’appartement et ça recharge. Les filles sont parties faire des achats au hardware store (j’espère bien qu’elles vont rapporter un rideau de douche et un toaster, c’est comme important, là, mais je pense que ça risque d’attendre leur escapade au IKEA de demain ou après-demain). Il est maintenant 16h (17h49 au moment où je relis et corrige le tout), je me suis levé bien tard et j’ai écrit bien longtemps, mais ça vaut la peine de noter une histoire de temps en temps, avant que le tout se mêle et se dilue dans ma pensée. Aujourd’hui je dois aller faire mon lavage (une laveuse est aussi sur la liste d’emplettes de mes colocs) et payer fucking 4 € par brassée. Ensuite, je vais à une autre performance ce soir. Ça vaut une dernière petite histoire : samedi passé, alors que j’étais à la "Moritzstrassenfest", mieux connue sous le nom de "Lesbischwules Stadtfest" ("Fête des gays et lesbiennes", mentionnée plus haut), sur la rue Moritzstr., très loin cette fois de la station de métro Moritzplz., j’ai fini par trouver le temps bien long. C’était un événement tristement commercial - il fallait s’y attendre - où on avait entassé plus d’une dizaine de milliers de personnes déambulant (de plus en plus difficilement… Était-ce la foule trop compacte ou la Beck’s trop abordable?) dans un quadrilatère de rues chargées en kiosques à saucisses, kiosques à partis politiques, kiosques à associations diverses et ce genre de trucs (nottament Gay Wein, du vin de gay… pathétique?), qui déversaient leurs slogans que je ne comprenais pas, accompagnés de flyers en tous genres, autocollants et condoms, bien entendu. Il y avait quelques scènes par-ci par-là avec des spectacles un peu insipides mais agréables et je m’en allais, un peu désorienté (trop de monde, trop de kiosques, j’avais perdu mes points de repère), quand je suis tombé sur le coin des femmes, lire le coin des lesbiennes. Au fait, à Montréal et à Québec en général, tout ce qui est "gay" est vraiment dominé par les hommes : que ce soit les bars dans le village à Montréal ou tous ces événements à overdose de drapeaux arc-en-ciel, on dirait toujours que les "gays", c’est des hommes uniquement. Mais ici à Berlin, il y a autant d’hommes que de femmes présents et représentés sous l’arc-en-ciel. Ça m’a vraiment surpris, agréablement surpris, puisque finalement, il y a probablement autant de lesbiennes que de gays dans la vie, si c’est autant un hasard de la nature que je pense. Enfin, me voilà devant la scène de la section lesbienne de la "Strassenfest", et je reconnais une fille que j’ai vu quelques fois… à Montréal! Au karaoké! Décidément, ce blog est truffé de thèmes récurrents. La fille en question, je me rappelais très bien d’elle, parce que j’ai toujours trouvé qu’elle rockait pas mal. Tsé ses prestations au karaoke étaient pas formidables, mais je sentais que sur une vraie scène, avec un band, elle devait déplacer de l’air pas mal. En effet. Elle était seule sur scène avec une DJ qui mettait des beats pour elle, et elle improvisait. C’est pas évident, là! Elle est devant je sais pas combien de personnes, et elle improvise des paroles pleines de sens, revendicatrices par moments, contemplatives aussi parfois, non-stop, pendant genre une demi-heure. J’avais jamais osé lui parler à Montréal - elle a ce genre de charisme un peu intimidant - mais j’avais vraiment envie de lui dire que j’avais trouvé qu’elle rockait, ce que j’ai fait. Elle était pas mal occupée à aller voir du monde un peu partout, mais elle m’a dit de la contacter par myspace. Si vous êtes curieux et que vous vous êtes rendus jusqu’ici dans ce blog, pour quoi pas double-cliquer sur son nom d’artiste et terminer votre lecture au son de son myspace, que ne j’ai toujours pas entendu moi-même, privé d’intimité que je suis sans internet à la maison : mzsundayluv) et m’a invité à venir à un autre événement auquel elle participe : "Bend Over". Ça aussi c’est un thème récurrent dans mon histoire : les titres de soirées qui ont l’air de mener tout droit en enfer. Mais je pense que tout ça a beaucoup moins de sens pour un allemand que ça peut en avoir pour un anglophone, ou un francophone bilingue… C’est juste des mots, des gros mots anglais, mais… je pense qu’ils trouvent juste ça cool. Bref, c’est ce soir et j’ai bien hâte, en plus que la performeuse d’hier (celle avec la tarte au cerise, là), quand je lui ai dit que j’avais trouvé ça hot son affaire, m’a inviter au même party que la mzsundaylove de samedi. Donc aujourd’hui : blog, douche, lavage et "Bend Over" (ha ha, ça sonne vraiment drôle quand tu connais le poids de ces mots-là). Demain : travail et rendez-vous pour jammer dans le parc avec Sascha. Jeudi, je ne sais plus, mais messemble qu’il y avait quelque chose avec mzsundayluv. Je veux aussi finir par aller dans un des nombreux concerts d’orgue qu’il y a tous les jours. J’ai renoncé à aller à Paris en fin de semaine, parce que, bien que ça puisse paraître excitant de faire 12 heures d’autobus gratuit avec des révolutionnaires israéliens de Berlin pour participer à une manif. le lendemain et revenir presque aussitôt, j’ai un peu peur d’être mêlé à ça s’ils ont des ennuis aux frontières et tout. Parce qu’ils ont beau être les "bons" (et non les "méchants") dans la cause qu’il défendent, ce sont quand même des activistes politiques d’une gauche un peu radicale et ça peut chatouiller certaines autorités, non? Autres projets à venir : je déménage le 2 juillet dans l’autre appart. que je sous-loue, le 6 juillet je participe à la scène ouverte de musique improvisée de l’Exploratorium (c’est là que j’avais rencontré tout le monde dont je parle dans mon "Berlin 2") et le 13 juillet (date à vérifier), je joue en spectacle en banlieue de Berlin. Au fait l’autre jour j’ai joué en spectacle et c’était pas vargeux, j’ai trouvé. On était un gros ensemble avec trop de violoncelles. 7 musiciens : 3 violoncelles, piano, violon, trompette, percussions et ça n’écoutait pas tant que ça, un des violoncellistes était un peu flasheux, le pianiste un peu ordinaire et moi pi le trompettiste on a pas mal pris notre trou, sentant que c’était souvent trop chargé… Je sais pas, quand je me retiens de jouer trop souvent dans un show de même, c’est pas un bon signe. Mais bon, je me suis vraiment bien entendu avec le percussionniste, Oori (quel nom fiable!), un Berlinois d’origine israélienne et spécialiste tant de musique contemporaine, de musique du monde que de trucs plus improvisés. On s’est échangé nos e-mails et on s’est promis de jammer ensemble qq temps. J’ai aussi l’envie de touriste d’aller visiter des châteaux à Potsdam, juste à l’extérieur de Berlin. J’ai spotté un bon deal de visite guidée. 18h25, j'ai uploadé quelques photos, je sors dans la rue capter de l’internet et envoyer ceci, puis à la douche.

Je sais pas pourquoi j'aime ça prendre des photos de bouffe. Peut-être pour vous rassurer! Ceci est une omelette mix de zuccinis et fromages, dans l'appart. où j'étais y'a 2 semaines, quand le gars de l'appart. m'a dit que je pouvais manger les affaires périssables dans le frigidaire, vu qu'il était jamais là.

Ma coloc Maggie la drummeuse, qui a accepté que je la photographie pendant qu'elle faisait la vaisselle.

La vue que j'ai dans ma chambre, à une heure où ça faisait beau.


Ma chambre

mercredi 18 juin 2008

Berlin 4 : random

J'ai écrit que j'ai oublié d'apporter le fil qui permet d'importer des photos de mon téléphone à mon ordi. Mais j'avais oublié que je pouvais importer comme par magie avec blue tooth. Alors voici les quelques photos que j'ai extraites de mon téléphone avant-hier.

Une fois j'ai fait du jus chez France et j'ai trouvé ça beau.


La preuve que minette ne déteste pas Drew.

Photo très floue des Turcs de Berlin (apparemment plus de 250 000 à habiter ici) qui gagnent des matchs de Fußboll pi qui virent fou, se promenant en masse dans les rues, sortant tout leur corps de voitures de luxe klaxonnantes, drapeau à la main et cris à la tête.

Première photo du Philharmonique, je m'étais assis dans la mauvaise section.

Deuxième photo du Philharmonique, vous voyez comment c'est étrange cette salle là.

Le band que j'ai vu le même soir. Là le chanteur beugle dans la foule. Le bassiste est à droite.

Encore le band, cette fois tous les membres visibles. Ça change de l'orchestre.

Dans les toilettes d'un bar. Slogan typique. En passant, c'est étonnant le nombre de titre d'évènements qui comportent le mot "fuck" ici. Sérieux.

Mon char de rêve, une Mercedez familiale diesel.

Je ne me sens pas très "écrivain" aujourd'hui, et ça fait déjà pas mal de temps que je squatte le café où je suis, mais notons quelques faits importants que je raconterai plus tard (ou pas) :

1 - Je suis allé voir en concert une pièce de Morton Feldman, "Crippled Symmetry".

J'avais choisi d'analyser cette pièce un moment donné à l'université, quand il fallait présenter aux autres étudiants en composition un compositeur moins connu qu'on aimait bien. Je ne pense pas souvent à lui, mais de réentendre cette musique là m'a vraiment redonné le goût genre d'acheter tous les enregistrements qui existent de sa musique. C'est un trait de génie tout le long. La pièce dure 1:30 à peu près, on ne sais plus combien de temps ç'a duré tellement on est perdu dans l'espace que ça ouvre. Il y a trois musiciens : flûte/flûte basse, piano/celesta et vibraphone/glockenspiel. C'est extrêmement répétitif, doux et sans rythme, mais chaque répétition est différente de sa première version et chaque fois qu'il y a un synchronisme dans les instruments c'est un évènement. Allez écouter du Morton Feldman.

2 - J'ai fait le "Free Tour" de Berlin.

Moi qui connais rien à l'Histoire avec un grand "H", j'ai eu ma dose de dates cette fois-là. C'est ici que genre la première et la deuxième guerre mondiale, sans oublier la guerre froide sont parties. Aussi le fameux communisme, séparé du capitalisme par le fameux mur. Ç'a a valu la peine, ce "tour", j'ai ingéré en 3h la plupart de ce qui se retrouve dans le kodak d'un touriste ici. Je ne pense pas retourner voir ces bâtisses-là, mais j'ai été beaucoup touché et impressionné par le "Memorial" qu'ils ont fait pour les juifs, en plein milieu de toute, un truc vraiment sobre et beau.

Ça ressemble à ça, c'est plus vaste qu'on pense. Dire que c'est en plein coeur de toute... c'est assez osé de faire ça pour une grosse ville, et c'est très bien je pense.


Il a recommencé à faire un peu plus beau ici, ça fait bu bien. Aujourd'hui, je dois trouver une place avec des laveuses parce que la laveuse est pas encore rentrée dans l'appart. et je pense pas qu'elle va arriver avant genre une semaine. Et je n'ai plus de bas propres (très important).


3 - En vrac


- J'ai joué du piano dans un café et ils ont tellement aimé qu'ils m'ont offert ma bière.
- J'ai trouvé une bière qui goûte pareil comme la Labatt 50.
- Ici les shish taouk, ou shish kébab... en t k l'affaire qu'on mange là pi qui vient de par là-bas, ça s'appelle "Döner Kebap" pi c'est pas cher pi c'est bon.
- Je continue sinon à me nourrir essentiellement de currywurst (la saucisse avec du curry dessus noyée dans le ketchup là), de pain, de nutella, de beurre de peanut et de nectar de fruits coupé avec de l'eau. J'ai pas trouvé de gruau ici, ni de jus ordinaire genre Tropicana. J'ai mangé la bouffe de végétalien à mes colocs hier, c'était débile (genre beaucoup bon là).
- Peut-être que je vais à Paris en fin de semaine prochaine, gratuitement, à condition de participer à une manif. Pourquoi pas?
- Peut-être que je vais me baigner dans un lac bientôt, en banlieue un peu. Tant qu'y a pas de sangsues.
- Je pratique le violoncelle tous les jours depuis que je l'ai. Je participe à un atelier de muisque improvisée demain.
- Je n'ai toujours pas internet à la maison.


Plus de nouvelles bientôt. Écrivez-moi si vous me lisez, je prends mes e-mails tous les jours avant de me mettre à travailler un peu - aussi tous les jours.



vendredi 13 juin 2008

Berlin 3 : 12 juin

Cette fois, je n'ai aucune photo à l'appui. En fait j'ai pris quelques photos floues avec mon téléphone, mais j'avais oublié que je n'ai pas apporté le fil pour les importer dans l'ordi.

Je suis allé voir l'orchestre philharmonique de Berlin, un des orchestres les plus réputés au monde, et pour cause! Il jouaient les 3 premiers actes de l'opéra Siegfried, de Wagner, et je me suis dit que je m'en voudrais toute ma vie de ne pas aller voir ça. Il y a aussi des prix étudiant, ce qui n'est pas mal du tout, surtout que l'entrée du concert variait entre 24 et 78 Euros. Donc j'ai eu une place pour 15 Euros et j'ai entendu le meilleur orchestre que j'entendrai jamais de toute ma vie sûrement.

À entendre ça aller, j'ai vraiment compris ce que les grands compositeurs ont en tête lorsqu'ils écrivent de la musique pour orchestre. J'ai souvent pensé que l' "art de l'orchestration", c'était bien mais que toutes ces subtilités là (genre le background de cordes qui arrive au milieu de l'air de hautbois, les petites figures d'accompagnement loin derrière dans les flûte, le coup de timbale pianississimo) étaient plus belles sur la partition que vraiment audibles, ou que du moins leur effet était plus subconscient que vraiment présent dans la musique.

Mais hier, j'ai compris. Il y a un moment dont je me rappelle très bien les détails, ça va être mon exemple : alors là il y a un air, un air un peu triste, mais pas trop. On entend le hautbois qui commence, puis sur la fin d'une note, le cor français entre sans qu'on s'en rende compte pour continuer l'air, qui est ensuite transféré de la même façon aux deuxièmes violons. Pendant ce temps, on entends vraiment vraiment pas fort un trille à la clarinette basse (un trille qu'on a déjà entendu plus tôt dans la pièce, significatif de quelque chose sûrement, tant qu'on comprend l'allemand des chanteurs) et il y a un accompagnement en octaves aux premiers violons doublés avec 2 flûtes.

Et là je dis pas ça parce que je prétends être plus érudit ou mieux entendre qu'un autre là. Bon c'est vrai, écouter, c'est le genre d'activité que je suis habitué de faire, donc j'ai un peu plus le réflexe d'être attentif à ce qui se passe, et aussi je connais les sons des instruments, mais c'était tellement clair, tout ce qui se passait, et tellement tellement bien joué... J'avais l'impression d'écouter un disque (du philharmonique de Berlin, comme j'ai chez moi), mais j'étais là.

Parmi les 3 chanteurs (deux ténors et une basse), mon préféré a été la basse. Cet homme là est arrivé comme un truck, comme un TOTEM! Genre il est là debout, plus groundé que ça tu meurs, il ouvre la bouche, pi là... woah. C'est comme... le genre de voix qui te cloue à terre. Une grosse voix intense, mais pas épeurante là... J'ai juste des images de choses fixes pour la décrire. Une voix comme un mur, un grand mur tout blanc qui te fait face et qui soutient la bâtisse au complet. Une voix comme une track de chemin de fer, immuable, intransigeante. Une voix comme un totem, c'est vraiment la meilleure image, un grand totem ancien, mystérieux et profond.

Le totem en question : Willard White.
Hier il n'avais pas de cheveux, mais la même tronche, checkez y l'allure, grand chef!


Mais j'ai pas aimé ça.

*Punch*

Bizarre, ein?

J'ai vraiment trouvé la toune platte, et ça m'a fait dequoi d'être assis là, d'entendre le meilleur orchestre du monde, pi de me rendre compte que finalement cette musique là me branche pu pantoute. Je sais pas ce qui est arrivé, mais je sais que j'entendrai pu jamais Wagner de la même façon, je vais toujours me rappeler de ce moment navrant où je me suis dit que peut-être si le gars avait été moins Nazi, moins imbu de lui-même... Je sais pas, c'est pourtant pas la faute à Wagner si soudainement sa musique est poche à mon oreille. Enfin... pas poche là, extrêmement bien faite, mais comme... ça me touche pas.

Alors enfin, qq chose qui a changé ma vie est arrivé hier, j'ai trouvé Wagner platte, et c'est peut-être là pour rester.

Après l'orchestre, j'ai fais exprès de prendre la mauvaise bus, voir où elle me mènerais. J'avais mal aux oreilles et mal à la gorge pour une raison obscure.

Ah j'ai pas mentionné que la salle du philharmonique est genre malade. Grosse, mais sans en avoir l'air, symétrique au milieu mais sans en avoir l'air. En fait le tout est un peu étourdissant, je serais jamais capable de dessiner le plan de ça, c'était comme too much.

La salle de concert de l'orchestre philharmonique de Berlin

Enfin, j'ai fait un nowhere de bus, suis débarqué quand je commençais à trouver que j'étais peut-être en train de trop m'éloigner. Je me suis rendu compte que j'étais en face d'une place à crème glacée italienne (j'avais pensé tout le long du parcours de bus, outre à Wagner, à une boule de crème glacée). Alors 0,80 Euros de crème glacée dans le fond de la gorge, j'ai facilement retrouvé mon chemin mais j'avais pas envie de rentrer tout de suite.

Je suis donc débarqué une station de métro trop tôt, question de marcher un peu, feeler les lieux. Je suis parti du mauvais bord (cette fois involontairement), oups, et en revenant, je suis tombé sur un bar au logo familier :En effet, en 2006, alors que je commençais à penser à mon "voyage" (qui finalement n'a lieu que maintenant), j'avais créé un dossier "places", dans le dossier "Allemagne 2007" (oui, 2007), et dans ce dossier finalement, il n'y avait que ce bar. Haha, je sais même plus trop pourquoi je l'avais gardé.

Tout ça pour dire que je me suis ramassé dans un show de genre indie rock/punk après ma soirée du philharmonique, et ça fait bin du bien. J'ai bu 2 bière et j'étais un peu pakté (je comprends, à 0,5 litre la petite bière, ça finit qu'à marcher), c'était bien. Le bassiste était assez cool, il jouait de sa bass un peu comme d'une guit, genre avec des power chords souvent et des notes en haut de la 12e frette. Sehr gut (très bien).

Aujourd'hui j'ai emménagé avec mes 4 lesbiennes radicales végétariennes, c'est cool d'avoir trouvé du bon monde de même, vraiment sympathiques et tout. Je les ai aidées à déménager de leur appart elles aussi (elles emménageait aujourd'hui aussi, même que j'ai emménagé dans un appart. tout vide car j'étais en avance sur elles - désolé pour la phrase là ça planté mon affaire).

J'ai encore mangé une currywurst (saucisse noyée d'un ketchup un peu sucré avec du curry en poudre dessus, c'est pas mal pas pire et pas cher) "mit pommes" (avec des frites... bin oui, ils appelles les frites des "pommes", ou "pommes frites").

Et...

J'ai un violoncelle!

Après avoir checké un peu partout sur internet et avoir visité qq magasins, le seul deal que j'avais était à Hambourg (Hamburg - Berlin était à peu près la même chose que Québec - Montréal), 80 Euros par mois de location + 80 Euros pour les billets de train ou la livraison qu'ils offraient + .... HUIT CENT Euros de dépot. Fuck off!

Mais juste à côté de la nouvelle place où je viens d'emménager (genre 10 minutes de marche, et, OUI, je dis maintenant "juste à côté" quand c'est à 10 minutes de marche, ma notion des distance s'est adaptée), il y a un luthier. J'ai maintenant un violoncelle cheap, mais bin correct, que je loue 28 Euros par mois, payables "just come by next week, it's ok, don't worry."

site web de mon nouveau Geigenbauer
Juste à cliquer, wow c'est la première fois de ma vie que je "crée un hyperlien".

Yé. Je m'en va voir dans quel état est l'appart là, après le déménagement des filles, et si c'est calme, j'essaie la patente.

J'ai hâte de prendre des photos de ma nouvelle chambre, elle est vraiment bien, plus grande que ma chambre à Montréal (dur de faire plus petit de toute façon) et j'ai une grosse grosse fenêtre.

lundi 9 juin 2008

Berlin 2 : 8 et 9 juin à peu près


Par où commencer?! Mettons que là ça va très très bien. Je viens de rencontrer la fille qui me sous-loue son appart. pour juillet et août et mettons que c’est pas mal le jack-pot. La fille est sud-coréenne, danseuse free-lance et elle a une chambre ÉNORME et ensoleillée, avec internet. Sa coloc est aussi danseuse, je sais pas trop d’où elle vient et je ne la rencontrerai qu’en emménageant, mais je n’ai pas de doutes qu’elle sera cool aussi. L’appart. est dans le quartier Kreuzberg, qui me semble un coin d’artistes vraiment cool. Quand j’ai dit à la fille que je jouais du violoncelle, elle a vraiment capoté (positif) et on a jasé (en anglais) pendant qq temps.

Près de l’appart., il y a une multitude de petits cafés, pas trop d’affaires à touristes, un superbe parc avec des statues en bronze (Victoria Park), et tout ce que ça prend pour vivre (genre épicerie, pharmacie, etc.). Tandis que je suis dans le coin, j’en profite pour manger un délicieux Käse Croissant (Käse = fromage) et un espresso (genre 1 pouce cube de café fort), faire le plein de shampoing, de pâte à dents et de cash, puisque les guichets courent pas les rues par ici. J’en profite aussi pour vous donner des nouvelles, car dans le fond de la bäckerei (boulangerie/café) où je me trouve, je peux voler l’internet de qqun. Hé héh éh.

À l'entrée du Victoria park, vu par qqun d'autre

Hier fut le premier highlight de mon voyage.

Tsé depuis que je suis arrivé ici, il y a eu cette histoire de gars louche (tout le monde à qui je mentionne le quartier Lichtenberg, où j’étais supposé habiter chez les espérantistes, font les gros yeux et disent que j’ai bien fait de partir de là, que c’est plein de Nazis et que c’est vraiment pas fiable), après je suis resté 2 jours à l’auberge jeunesse et maintenant ça fait un peu moins d’une semaine que je suis dans le Mitte (quartier central bien sympathique).

Mais pour quelqu’un qui n’aime pas trop vivre dans ses valises, tout ce va-et-vient est bien désagréable. Ça fait que je n’avais pas encore eu le temps de chercher, trouver et profiter de la vie culturelle qu’il y a à Berlin.

Joane Hétu m’avait donné 2-3 adresses de places où il y a de la musique improvisée ici et l’une d’elle, « Exploratorium », était l’hôte hier d’un Offene Bühne (open stage) où je me suis dit qu’il me ferait du bien d’aller, entendre ce que les Allemands ont dans le ventre. Eh bien je n’ai pas été déçu, et eux non plus!

Premièrement, je me pointe là à l’heure et je suis dans les premiers arrivés. Un violoniste (Gehard Übele, www.myspace.com/gerharduebele) me jase ça un peu, je me prends une Beck’s dans le frigidaire (« payez ce que vous voulez », et en passant, messemble que les bières sont grosses ici : 0,33 Litres. C’est quoi notre format de petite bière au Québec?) et je prend place dans la dernière des quatres rangées de chaises disposées face à l’espace réservé pour jouer (piano à queue, petites percussions et chaises vides pour l’intant).

Évidemment que j’allais jouer low profile.

Ensuite je dis « Hallo » à quelques personnes (c’est leur équivalent de « Salut » et, parfait pour moi, ça se dit exactement de la même façon que « Allô » en québecois) et je me présente à l’organisateur de la soirée, un excellent joueur de flûte traversière basse Matthias Schwabe. Je lui avais écrit un e-mail quelques jours auparavant; il ne m’avait jamais répondu mais il s’en rappelait et me demande si je veux jouer.

Je lui dis que malheureusement je n’avais pas de violoncelle avec moi, que j’avais laissé le mien à Montréal et tout… et tout de suite, presque en s’excusant de ne plus avoir de violoncelle dans la place, il m’offre d’utiliser un violon alto qui traîne dans un coin. Il dit que lui même en joue même s’il ne joue pas d’instruments cordes et qu’après tout un alto, c’est comme un violoncelle de poche (pocket-cello! Haha). D’accord.


Alors la soirée débute. C’est eu deux parties : premièrement, tout le monde qui veut jouer doit se choisir 2-3 partenaires et présenter une improvisation, ensuite il y a une pause et, alors que les présentations auront été faites, en quelque sorte, de nouveaux groupes peuvent se former et il y aura une douzaines d’improvisations. Tout le monde devrait pouvoir jouer 2-3 fois, d’après ce que Matthias explique en allemand (je ne comprends rien et il m’en dit les grandes lignes après).

Tout de suite le violoniste avec qui j’avais parlé propose de faire un duo avec moi, et une chanteuse assise près de moi décide de se joindre à nous. Nous jouerons en 3e. Arrr, là ça rock j’ai vraiment hâte de jouer, j’ai les mains moites sans bons sens…

Parenthèse sur comment le corps réagit à l’atmosphère de Berlin : premièrement j’ai les mains moites en permanence, moi qui déteste ça. Je suis toujours en train de m’essuyer les mains qq part, sur mes culottes, sur mon gilet, sur la napkin qu’on me donne au petit café. Je ne comprends pas trop pourquoi, parce que l’air est bien sec en vrai, tellement que des fois je saigne un peu du nez la nuit (ce qui est bien le dernier de mes soucis). J’imagine que si je sue des mains, je dois bin suer des pieds aussi… Je ne m’en rends pas compte pentoute, mais l’odeur qui émane de mes souliers cheaps en dit long sur les nombreux kilomètres que je parcours chaque jour. Ça aussi c’est nouveau : j’ai les mêmes souliers depuis des années et je n’ai jamais pué des pied. Ah, ces nouvelles réalités.

Autre parenthèse corporelle : ici les femmes n’utilisent pas de conditionneur. Elles ont toutes les cheveux pètés, plusieurs ont le toupet bin plat dans face et la plupart ont soit un restant de teinture poche, soit une couleur vraiment défraîchie et platte. Haha. Le coiffeur en moi (si peu) est révolté.

Bon, je fais durer le suspense de ma soirée là.

Alors les deux premières improvisations sont passées. C’était très bien, une pianiste bizarre (répondant en tout critères à ma description de l’européenne à la touffe volumineuse d’un blond très louche et cassé), une chanteuse bizarre (très théatrale), un saxophoniste vraiment vraiment cool et je ne sais plus trop qui… C’était des impro inspirées et inspirantes, et étonnamment pas trop différentes de ce qu’on peut entendre à Montréal quand des bons improvisateurs présentent qqchose. Pas de moments poches, et quelques beaux « moments de grâce ».


L’impro que j’ai faite avec le violoniste et la chanteuse était très minimaliste. J’ai tout de suite commencé par faire des trucs vraiment pas fort sur les cordes de l’alto et le violoniste en embarqué pareil. La chanteuse… je ne sais plus. L’archet était pas graissé et je tenais l’alto comme un violoncelle, mais sommes toutes ça a bien sorti et j’avais pas mal chaud quand j’ai retrouvé ma quatrième rangée de chaises.

Après nous il y a eu 5 autres impros (donc, si le compte est bin, on était à peu près une trentaine de personnes, incluant 3-4 spectateurs qui jouaient pas et un violoncelliste arrivé en retard). C’était vraiment un beau début de soirée.


Mais là! Aussitôt que la dernière improvisation a été finie, c’était le moment de se choisir un ensemble pour la deuxième partie. Eh bien croyez-le ou non, ça faisait la file pour jouer avec moi. Arrrr! Et le violoncelliste le premier, après m’avoir demandé de jouer avec lui et un autre dude (i.e. la femme pianiste à la chevelure décrite ci-haut), a accepté de me prêter son violoncelle pour les autres formations dans lesquelles j’allais jouer.

J’ai donc non seulement joué une fois dans les présentations, mais 5 fois de plus dans la deuxième partie.

Il y a eu des beaux moments et tout, mais surtout, j’ai enfin trouvé une gang de monde que je feel plus. Un coup la soirée terminée, encore une fois plein de gens venaient à moi, je savais pu trop où donner de la tête, et je me réveille aujourd’hui avec 5 numéros de téléphone et e-mails et une invitation officielle d’aller passer qq jours à Zürich (en Suisse) avec Valentin le clarinettiste et sa femme Susanna, peintre improvisatrice (elle m’a dit que j’ai été son préféré, et pi eux ils parlent très bien français).

En plus, le violoniste du début a trouvé mon myspace après le concert et m’a écrit un petit mot et invité à un atelier vers la fin du mois (« It was very easy to find you on myspace: i just googeled "remy cello montreal". I am still quite impressed with you cello-playing. hopefully see you on june 19th! »).


Entre autre résumé, un moment donné j’ai joué en trio avec l’organisateur et un accordéoniste. L’accordéoniste, un vieux Allemand tout sec, était vraiment vraiment bon et inspirant. Mais c’est pas tout, son fils était dans la salle, et là c’est encore mieux.

Il s’appelle Sascha (le fils de l'accordéoniste), il a autour de 20 ans, il joue de la contrebasse et est amateur de musique improvisée. Il avait hâte de recevoir son instrument (par la poste? J’ai pas trop compris) pour pouvoir participer aux Offene Bühne. DE PLUS, il joue de la bass et chante (crie) dans un band de hardcore. Yé! Et c’est pas tout, il s’en va étudier en design graphique. Alors là lui c’est mon futur ami. On s’est promis de rester en contact, de jammer dequoi de plus heavy qq temps et il va pouvoir me dire les places cool pour le rock pi ces affaires là à Berlin. Il parle assez bien anglais et a un beau myspace je trouve.
(http://www.myspace.com/sascheratmyspace)

Ah, et pi il fait du skate :)


Hier en revenant de cette super soirée, j’ai voulu commencer à écrire ce blog, mais j’avais trop d’idées en même temps! Voici ce que ç’a donné :

-- De retour de ma soirée la plus cool jusqu’à date à Berlin. J’ai mis plus de…

-- Minuit trente, assis devant mon ordi, devant mon bol de Choco Krispies (à l’eau parce que les épiceries 24h courent pas les rues par ici non plus, même que la plus proche, ordinairement ouverte 24h, est fermée tout le dimanche), écoutant le podcast de Christiane Charrette, j’ai l’impression d’avoir repris un beat de vie normal…

-- Je sue des mains ici c’est débile. Et des pieds aussi, à en croire l’odeur qu’ils dégagent. Moi qui ne sent jamais des pieds, quelle honte… je change de bas 2 fois par jour, comme Coons changeait de chemise…

-- Les bouches Allemandes sont larges et plates…

-- J’ai vu quelques paires de yeux bleus vraiment débiles…

Voilà qui est ça. À quoi vont ressembler mes prochains jours? En fait c’est exacement comme à Montréal, chaque soir je me couche en ayant la ferme intention de travailler le lendemain toute la journée, et chaque matin j’ai la ferme résolution d’y parvenir. Mais un coup rendu au café internet (j’essaie d’alterner, puisque je passe beaucoup de temps dans chacun), en plus de travailler, je passe pas mal de temps à me chercher un nouvel appart. (parce que là, bien que je vienne de signer avec la danseuse sud-coréenne pour juillet, je ne sais toujours pas où je vais me ramasser de mercredi prochain au 2 juillet!) et à chatter, évidemment.

Je suis pas fin avec vous, je prends jamais de photos. Mais aujourd’hui j’avais décidé de traîner mon kodak et prendre quelques scènes de la vie courante. Et ce qui devait arriver arriva : au lieu de profiter de ce qui se présentait naturellement à moi, je me disais tout le temps, ah ça ça ferait une bonne photo, ah oui pi ici peut-être. C’est exactement le genre de touriste que je ne veux pas être... voir une ville dans l’écran de son kodak, ça fait vraiment pitié. Alors, non, je ne traînerai pas souvent mon kodak avec moi hé héh. Peut-être une fois de temps en temps, question de vous monter où j’en suis.


Chose promise, chose due : voici le menu d’où je me trouve, tel qu’on le voit à côté de la porte. Aussi plus loin un photomontage niaiseux que j’ai fait, parce que le mot allemand pour « épais », c’est « dick » et j’avais une revue gratuite qu’ils donnent dans le quartier gay.


Demain je vais à un concert gratuit (vers 13h, ils font ça une fois par mois je pense) du Philharmonique (de Berlin, of course). Je vais en profiter pour m’informer des rabais que je peux avoir, billets de dernière minute, etc., parce qu’ils présentent un Wagner dans qq jours (je m’en voudrais de manquer ça).

À mon agenda il y a aussi DJ Frigid, le 14 juin, et le nom de l’événement c’est « fuck yeah ».

Ah oui, j’allais oublier, on m’a invité à jouer dans un concert qui aura lieu en juillet un peu à l’extérieur de Berlin. Me reste plus qu’à me trouver un violoncelle.

Fuck, yeah!

jeudi 5 juin 2008

Berlin 1 : 2 au 5 juin 2008

C’est avec un arrière-goût de Malboro (vendues en "Big Pack" de 24 cigarettes) en bouche, une gorgée occasionnelle d’eau minérale et un sentiment de chez-soi bien mérité que je m’arrête pour vous écrire ces quelques lignes, pas très poétiques mais pas mal complètes.

←------- 2 juin -------→

Départ de Montréal, 20h.

J’avais peur d’être malade en avion, j’avais peur de partir en me disant « qu’essé tu fais là?! » et j’avais peur d’avoir mal aux oreilles au décollage et à l’atterrissage. Rien de tout ça est arrivé, ou presque : je ne me suis pas senti malade le moins du monde, je suis parti le sourire aux lèvres et la tête légère, et quand l’avion a décollé, ça m’a rappelé le feeling qu’on a dans certains manèges à la Ronde et j’ai adoré ça. L’atterrissage a été plus difficile, j’avais beau mâcher ma gomme comme un forcené, j’avais l’impression que tous les vaisseaux sanguins de ma tempe gauche allaient exploser en même temps. J’ai vu le monsieur en avant de moi se pogner la tête aussi, ça m’a rassuré.

Dans l’avion j’ai mangé du bœuf avec des patates pilées pi un mix mou de fèves et maïs, avec un verre de vin rouge au goût douteux et un dessert non identifié à saveur de chocolat. C’était très ordinaire, mais parfait pour voler. Le feeling est vraiment hot en avion, mais surtout le décollage, vraiment, j’ai de la misère à pas partir d’un fou rire, tellement c’est agréable ce bout là.


@ Alexandre et Dorothée : vous penserez à moi à la Ronde!

Vous excuserez mes photos du vol, de toute façon une photo de hublot n’aurait pas été géniale. Vous voyez là la texture du mur près du hublot, suivie de la texture du siège devant moi.






Cette dernière fait un assez bon fond d'écran.

←------- 3 juin -------→


Frankfurt, 8h30 (heure de Frankfurt, donc 2h30 du matin, heure de Montréal)

J’avais peur d’avoir à courir après mes bagages pour les réenregistrer sur mon prochain vol, et on m’avait dit que l’aéroport était très gros et mêlant. Finalement, je n’avais pas à me soucier de mes bagages, qui se transféraient tout seul (vivement Air Canada), et, bien que l’aéroport soit effectivement gros, le personnel est efficace et on trouve facilement le kiosque d’informations. On trouve aussi, après s’être informé au kiosque, la « smoking room », et c’est le paradis que d’en fumer une (en fait 15 à la fois, compte tenu du nombre de personnes là-dedans) après tant d’heures de vol.

@ Louis-Pierre et Ménard : c’est exactement notre concept de toilette, sauf que les unités d’aspiration sont à la hauteur des yeux, ou un peu plus haut. Et ça tire pas tant… C’est fait pour la boucane, pas les tas, mais tout de même, c’est exactement comme ça que je l’imagine.

J’ai pris une photo de ça, parce que ça été marquant dans mon voyage : j’en ai fumé des cloppes de 9h à 14h20, heure de mon vol (il faut pas oublier que ça fait de 3h du matin à 8h20, heure de Montréal). La photo est pas super bonne, je l'ai pris en catimini, mais on voit une autre smoking room en arrière plan.

L’attente fut pénible, en effet. Il fallait rester réveillé mais je n’avais plus de concentration pour rien. Je n’avais pas dormi dans le vol précédent (c’est comme en autobus, comment veux-tu dormir assis de même), donc j’avais épuisé toutes mes sources de divertissement. Je comprends maintenant pourquoi les revues sont si populaires à l’aéroport : un moment donné t’es pu capable de lire, t’es tanné d’écouter de la musique et t’as mangé tout ce que tu pouvais… je me suis donc contenté de regarder le monde passer, faute de revue.


@ France : J’ai bu un allongé McDonald à ce moment-là, c’était exactement comme tu m’avais dit.

Berlin (aéroport TXL), 15h30 à peu près.

Le vol de Francfort à Berlin fut fort agréable : j’ai dormi tout le long. Ça durait 45 minutes, ça sentait le gaz avant de décoller et c’était plein de gens d’affaire pour qui prendre l’avion c’est comme prendre l’autobus (je devine ça, je suis peut-être dans le champ). L’avion était vieux et tout mais il était plus confortable que celui d’Air Canada (un Boeing tout neuf). Peut-être aussi que c’est moi qui ramollissais. Après ce 45 minutes de sommeil, on a pu récupérer les valises. Ah oui, j’avais dû enregistrer mon sac en partant : trop gros, trop pesant, et je suis bien content de l’avoir fait : ça m’a sauvé l’attente à Frankfort avec toute mon kit.

Mon sac sur le dos, j’ai marché de long en large dans l’aéroport de Berlin pour trouver une plogue à ordi européenne (Frankfort était en rupture de stocks) et j’ai fini par trouver. J’ai rencontré une vieille madame et son monsieur à la sortie qui m’ont vendu les deux jours restant sur leur carte de semaine pour l’autobus. J’ai pris l’autobus dont j’avais noté le numéro avant de partir et j’ai suivi les signes. Le transport en commun ici est un peu mêlant : il y a beaucoup de choix (U-bahn, S-bahn, Bus ordinaire, Métrobus, Tramway (genre de), …) et d’innombrables numéros de ligne pour chacun. Mais j’ai appris que tout ce qu’il y a à faire, c’est trouver où on va et en essayer un, se laisser guider, et ça marche tout le temps.

Esperanto-Domo, 17h30…?

Bon, enfin rendu à la Maison de l’Espéranto, où la personne avec qui j’avais échangé plusieurs e-mails (Johan Pachter) allait m’attendre. Mais… non.
Après avoir dépassé un groupe louche d’itinérants buvant de la grosse bière en pleine rue, j’ai trouvé la rue de l’Esperanto-Domo, et finalement la porte que j’avais vue en photo. En passant, j’ai fini par me rendre compte qu’ici c’est légal de boire en pleine rue… tout le monde boit de la bière, le format « quille » là, entre une petite pi une grosse, partout. Dans le métro, dans la rue… Même qu’au bar tu dois préciser si c’est pour ici ou pour emporter. Je cogne à la grosse porte, il y a des choses écrites en espéranto, c’est bien, c’est rassurant. Personne ne répond, mais je finis par voir quelqu’un à l’intérieur, qui me tend une clé par la fenêtre. J’entre.

Pas de
« bonjour », pas de « as-tu fait beau voyage? », encore moins de « tu dois être fatigué, voici ta chambre.» Il a fallu que je demande s’il était au courant que je m’en venais : oui, il savait. Il a fallu que je fasse un peu la conversation, pour avoir l’air sympathique, et il me répondait tellement vite que je ne comprenais rien. Je lui ai dit, écoute ça doit faire 2 ans que je me suis pas servi de l’espéranto, peux-tu parler moins vite : non, c’est comme ça qu’on apprend. Bon…

Où est ma chambre? Ici, sur cet étage. Et là je réentre (on était rendu dehors, où il parlait avec son ami en polonais; tout ce temps là j’avais mon sac sur le dos et il n’avais pas jugé bon de me dire de le déposer) et fait le tour... pas de chambre en vue. Je refais le tour, et je trouve, dans un coin d’une des 2 seules pièces viables du rez-de-chaussé, un grabat minable, presque sous la table de réunion. Et voilà. Bon… Déçu, je dépose mes trucs, regarde la pièce plus en détail, sors fumer une cloppe, reviens en dedans, visite les autres étages et en viens à la conclusion que cette place est un foutu taudis, mais que je pourrai bien m’y habituer.

Je ne sais pas combien de pièces il y a dans cette maison, plus d’une dizaine certain, toutes plus inhabitées les unes que les autres. Et pas inhabitées dans le genre appart. vide ne demandant qu’à être meublé ; inhabitées dans le genre plancher de béton avec un trou béant en plein centre, tas innommables de poussière, de ciment, de bran de scie, des planches de bois un peu partout, murs pas finis, pièces avec des trous à la place des fenêtres… Décidément, sans vouloir être plus bourgeois qu’un autre, mettons que j’étais pas tout à fait enchanté.

Je m’étais imaginé une chambre ridiculement petite, avec en plein centre un vieux lit et tout autour des bibliothèques de livres poussiéreux. J’ai bien trouvé la poussière (plus que j’en ai jamais vu), les bibliothèques (bien garnies, il faut l’avouer, mais de livres tous plus défraichis les uns que les autres), mais pas le lit, et surtout pas d’intimité. Ah, et où était la douche là-dedans?

Le gars qui m’avait répondu (Artur, j’apprendrai son nom beaucoup plus tard, en lui demandant bien sûr) avait l’air bien sale lui-même, le gilet tout taché avec une grosse barre de poussière dans le dos. Il doit bien s’accommoder là. Je lui demande s’il travaille : Non. Pas de ces temps-ci. Pas vraiment. Bla bla, et il continue à me parler, sachant très bien, autant par mon langage corporel que par ce que je lui avais dit avant, que je ne catch pas plus de 50% de ce qu’il dit. Bon… Je pars prendre une marche. La clé? « Ah, la clé. Ça va attendre. » What the fuck, que je me dis, messemble que quand tu sais que tu vas avoir qqun chez-vous pendant 3 mois, tu lui prépares une clé… En t k...

La marche est fructueuse, je spot plusieurs café internet, même si le coin est plutôt Hochelaga, je mange une salade aux œufs de dépanneur (ils ont ça eux aussi) et je finis par m’arrêter goûter à la fameuse Berliner Pilsner.


C’est vrai que pas grand monde comprend l’anglais ici. Mais à force de gestes, la serveuse a bien fini par comprendre que je voulais un verre de Berliner Pilsner, pi moi j’ai fini par comprendre qu’elle me demandait si c’était pour ici ou pour emporter.

@ Ceux qui connaissent le bar Fullum, sur Ontario : C’était le même genre de place que ça, tout à fait. Avec en prime une gang de vieux crados, hommes et femmes, assez éméchés qui discutent en riant.

Cette bière-là était vraiment spéciale. Tsé moi j’ai pris la bière la moins chère, celle qui était annoncée sur l’enseigne du bar et je me suis dit advienne que pourra, et on m’a servi genre qqchose de vraiment raffiné comme goût. Je serais curieux aussi de connaître le pourcentage d’alcool de ces Pilsner-là, parce que j’en ai bu une autre le lendemain (celle-là s’appelait König Pilsner ou qqchose de même), et à chaque fois j’ai vraiment l’impression que ça fait 2 que je bois quand je finis mon verre.

Peut-être aussi est-ce parce qu’il fait très beau, que j’ai toujours soif, et que cette bière, comme un bon vin, se boit très facilement.
Et pi icitte on fume dans les bars, sur les terrasses et dans la plupart des restos. Yeah!

Je retourne à l’Esperanto-Domo, on me retend la clé par la fenêtre… Toujours pas de nouvelles de Johan Pachter, mon contact. Je dis d’accord, je vais aller dormir, mais Artur me dit que Johan devrait arriver bientôt, que ça serait mieux que je l’attende et que de toute façon ça va tout de suite me mettre sur le bon fuseau horaire. Ok, j’ai pas la force (ni les mots!) d’argumenter en espéranto. Heureusement il y a de l’internet (un vieux PC lent, mais quand même) et j’en profite pour écrire un e-mail et trouver les endroits plus dans mon genre où il y aurait du sans-fil gratuit.

Je trouve, je note et à ce moment Artur revient pour me proposer de sortir (j’ai pas trop compris où ni faire quoi) avec lui et son ami polonais. Je décline l’offre et il est quasiment fru, il me dit que je rate une bonne chance d’entendre du polonais. Comme si j’avais envie de regarder 2 personnes parler polonais en face de moi, après ne pas avoir dormi pendant a peu près 20h, tout en essayant d’être cohérent dans ma tête, où ça tourne en allemand, en esperanto, en anglais et en français (dans cet ordre).


Je dois donc me pousser en vitesse, parce que eux ils sont pressés de partir, après être restés assis dans la cour - à scrap - de l’Esperanto-Domo toute la journée. Alors je me pousse avec mon ordi et mon walkman, mais en oubliant la feuille où j’avais noté le chemin et l’adresse des cafés internet. Peu importe, j’ai hâte de voir le coin un peu. Je rencontre une femme police qui parle très bien anglais et elle décide de son propre chef de faire l’interprète entre moi et la madame du dépanneur où j’achète ma passe d’autobus/métro pour le mois. Je sauve 20 Euros en prenant la passe qui n’est pas valide entre 3 AM et 10 AM (heures où je dors). Danke schön madame et pi je m’en vais.

Je trouve étonnamment facilement le chemin pour Nollendorfplatz, puis je me rends compte que je me suis trompé de métro, pi c’est pas grave, je reste dedans et trouve un autre chemin aussi bon. J’étais à peu près à 30 minutes de là.
Je marche un peu dans le coin de Nollendorfplatz et décide de rentrer, question d’arriver à l’Esperanto-Domo avant que le soleil ne se couche.

J’arrive là et demande à mon hôte s’il a passé une belle soirée, il dit qu’il ne comprend pas ce que je dis. Je lui demande s’il a fait une belle marche avec son ami, il dit qu’il ne sait pas de quoi je parle. Merci pour la compassion, Artur. Mais il me dit que finalement, Johan (mon contact) est passé, et que je vais aller coucher chez lui (Johan) pour la soirée, vu que ça a pas de bon sens dans l’Esperanto-Domo. Fiable, que je me dis.


On part, Artur va me reconduire chez Johan en métro, ç’a l’air que c’est pas dans le même cartier. Là il est rendu 8h PM, donc ça fait 5 heures que je suis à Berlin, i.e. ça fait 13 heures que je suis parti de Montréal, i.e. plus de 24 heures que je suis debout. J’ai un sac de 30 livres sur le dos, mon ordi en bandoulière et ma boîte à lunch, il fait presque nuit, et je me promène avec un gars dont je ne sais même pas encore le nom, qui m’emmène chez un monsieur que je n’ai jamais vu.

Je commence à moins aimer ça.


On débarque qq stations de métro plus loin.
Je lui demande où on va, il ne me répond pas.
Je lui demande encore, il dit ça pas d’importance.
Je lui demande d’appeler Johan, il dit qu’il répondra pas.
Je lui montre mon plan du métro et lui demande de pointer où on s’en va, il me pointe un métro vraiment loin au nord.
Je lui redemande d’appeler Johan, il me donne le numéro, me laisse l’appeler tout seul.
Sur les entrefaits, le métro passe et je le convaincs de ne pas quitter la station (Allemand : bahnhoff, Esperanto : stacidomo) où l’on est tant que je n’ai pas appeler Johan.
Il m’attend plus loin, je demande à une dame ce qu’il faut que je compose sur le téléphone public pour appeler au numéro que je lui pointe.
Elle me dit c’est un cellulaire, ça va te coûter 2 Euros.
2 Euros pour appeler!?
À ce prix-là je prends mon propre cellulaire.
Aucune réponse chez Johan.
Et j’use de mon pouvoir de persuasion (et de mon espéranto, qui s’aiguise juste au bon moment) pour convaincre Artur de rentrer à l’Esperanto-Domo.
Tout d’un coup qu’on arrive chez Johan et qu’il n’est pas là?
Artur dit « j’ai la clé », en me montrant la clé de l’Esperanto-Domo (et non une clé différente).
Je lui redemande, il redit qu’il a la clé.
Rendu là j’ai à peu près pu confiance en lui, mais quand même assez pour aller dormir sur le grabat de l’Esperanto-Domo, me disant que Johan va finir par donner des nouvelles.
On revient donc sur nos pas.
Ah, est-ce que j’ai mentionné que Artur voyage en métro sans jamais utiliser de billets, et qu’à cause de ça il marche très vite?
Rendu à l’Esperanto-Domo, j’apprends que le grabat est occupé!
Par qui?
« Un gars. »
Qui?
« Je me rappelle jamais de son nom. »
Et Artur me dit de déposer mes affaires dans la pièce avec le grabat, que je pourrais dormir genre dans la cuisine à terre.
Moi je lui dis que je ne m’endors pas sans mes bagages collés sur moi.
Il a pas le choix que de me laisser dormir dans la pièce avec les bibliothèques et le grabat.
Je dis vouloir utiliser internet avant de me coucher.
Je vérifie si je n’ai pas de nouveaux e-mails, et puis j’appelle Johan avec le numéro qu’il m’avait laissé dans mon e-mail (toujours pas de réponse).
Alors voilà, au bout du rouleau, Google : Hosteling International Berlin.
Je trouve tu-suite, j’appelle en vitesse et me pousse en vitesse, à moitié sous les reproches, du genre « tsé quand on veut voyager pas cher, il faut pas s’attendre bla bla bla. »
Rendu là moi j’en ai rien à foutre, j’ai mon ordi avec moi, un manque de sommeil intense, pi un gars que je trust pas et qui est pas mal musclé finalement.
J’ai crissé mon camp. Et vlan!


Tout de suite en sortant, je suis tombé sur l’autre espérantiste dont Artur m’avait parlé, celui qui dormait sur le grabat. Je me suis dit, tout d’un coup que je me fais des idées, et que la différence d’attitude entre Artur et qqun en qui j’aurais confiance réside seulement dans mon interprétation personnelle (donc nord-américaine) de son attitude. Mais j’étais trop fatigué pour faire des sciences humaines.


Ç'a pas été de tout repos me rendre au Hosteling International, et l'on ne m’a pas accueilli à bras ouverts comme je m’imaginais, mais j’ai eu un lit dans une chambre à occupation 5 personnes, et, surtout, une armoire barrée dont moi seul avait la clé. Là j’aurais vraiment aimé ça parlé à qqun en français, ou même en anglais, mais la place était pleine de jeunes ados allemands en puissance. Mettons que ça été long avant que je m’endorme et que le déjeuner (inclus) était pas mal trop tôt à mon goût.

Je skip des détails là ça s’en vient long, mais finalement, je n’ai toujours pas eu de nouvelles de Johan et des espérantistes et pi honnêtement j’en veux pas. Je ne suis pas du genre taudis, même en voyage. Ne pas avoir eu de bagages tant que ça, ça ne m’aurait pas dérangé, mais là j’ai mon ordi, je veux travailler et je reste pour qq temps pareil. Et pi avoir son intimité, c’est pas pire aussi. Sans oublier que si je veux parler à des Berlinois, être propre est la moindre des choses, et je vois bien pas comment j’aurais pu faire ça là-bas.

Croyez-le ou non, ce fut là ma première journée : de Montréal à Frankfort, de Frankfort à TXL, de TXL à l'Esperanto-Domo, et de l'Esperanto-Domo à l'auberge jeunesse.

←------- 4 juin -------→

Se réveiller tôt, ça fait des journées bien remplies. Après avoir déjeuner à l’auberge de jeunesse, je pars au Sony Center, gros tas de gratte-ciels réunis par un espèce de demi-toit de state olympique, avec une cour intérieure et où on me dit qu’il y a de l’internet gratuit.

Sony Center, tel que je l'ai vu, mais photographié par d'autres :

Sony Center, vu de comme quand t'arrives.


Sony Center, vu de l'intérieur.

Là ça presse mon truc, ça me prend un plan B (à ce moment là j’ai aussi confiance que Johan va m’écrire un e-mail d’excuse et me proposer qqchose de mieux). Un verre de jus d’orange à 2,80 Euros (4,37$ Canadiens) c’est pas donné, mais ça vaut la peine, je trouve tout de suite par internet ma première personne ressource fiable. Il avait placé une annonce d’un appart. à louer et, même après s’être rendus compte que ça ne fonctionnait pas puisqu’il ne l’avait mis à louer que pour août, on décide de se rencontrer en soirée. Je trouve aussi une fille qui me fait un prix correct pour un appart. super bien placé pour juillet et août. Bon.

Allègre, je repars à l’auberge jeunesse, prend une douche, manque faire exploser mon séchoir (y’en a beaucoup, des volts, ici!) et pars visiter Tiergaten (« jardin d’animaux »), un énorme parc en plein cœur de Berlin, tout près de l’auberge jeunesse. Ah je n’ai pas mentionné que l’auberge en question, loin d’être un petit coin sympa et hippy avec quelques chambres, est un gros bloc gris presque aussi gros qu’un hôtel et probablement aussi champêtre qu’une polyvalente.

Tiergarten… J’y retournerai! C’est vraiment hot autant de verdure en plein cœur d’une ville de 86 millions d’habitants. Et est-ce que j’ai mentionné qu’il fait vraiment beau ici. Genre 31 C. en moyenne, pas trop humide ni trop sec, dans le pas mal idéal là.

Dans le parc (sans fin on dirait), les gens font du vélo, se tirent le frisbee ou se contentent de se prélasser au soleil. La majorité d’entre eux se trouvent un spot, se déshabillent (complètement) et se couchent par terre. Pour eux c’est tout à fait naturel. Il paraît que c’est peut-être une question de religion, la religion majoritaire ici étant un protestantisme n’ayant rien à voir avec le protestantisme américain : les mœurs sont très libérales et tout. Et pi de toutes façons, à bien y penser, y’a rien de mal à se faire bronzer à poil, tant que tout le monde le fait. Et en effet, de la grand-mère à la top modèle, du vieux sec au jeune bien portant, c’est tout naturel pour eux. On se sent quasiment mal d’être habillé. J’ai fini par céder et travailler mon tan en lisant un peu de poésie et fumant des Winston (vendues en paquet de 17).


Après je suis allé dans un café internet. J’ai marché quasiment 2 heures pour m’y rendre (parce que je me trompais de chemin, et au lieu de revenir sur mes pas, je trouvais une alternative sur ma carte et je continuais de visiter). J’ai mangé des sardines avec du pain pi un jus d’orange, erreur! Je ne sais pas si c’est le soleil, le manque de sommeil, la bouffe ou ma petite anxiété de voyageur qui me travaillait, mais je me suis mis à feeler pas mal croche.

Je me suis arrêté quelques fois avant de finalement tomber sur le café internet que je cherchais, où le café qu’on m’a servi et le serveur vraiment vraiment sympathique m’ont complètement remis sur le piton.

J’allais oublier de dire que Berlin est magnifique à cause des arbres qu’il y a partout. C’est fou, des gros gros arbres, là, partout dans la ville de chaque bord des rues. Ça paraît que c’est pas depuis hier que le monde pensent à mettre ça beau et agréable ici. L’un de ces arbres, le plus répandu je crois, est le tilleul (der Linden). Et de ce tilleul, quand les rayons du soleil le frappent du bon angle, on remarque qu’il s’échappe… des TONNES de POLLEN! J’ai pas été allergique au pollen depuis qq années, mais ici c’est vraiment intense, j’atchoume tout le temps. Ça va passer je pense, le temps que je m’y adapte, et j’ai connu des étés pires que ça à Québec.

Donc c’est mon nouveau contact (celui qui louait un appart. pour le mois d’août là) qui a interrompu ma conversation (en anglais) avec le serveur. Je lui avais laissé un message par internet, sachant qu’il recevait tout ça en direct sur son iPhone. C’est un gars d’une trentaine d’années je pense, d’une mère Allemande et d’un père Péruvien (il a grandi au Pérou). Il a étudié et travaille à son compte comme traducteur. Son français est impeccable. Pas autant que son allemand, ou son espagnol, ou son italien, mais meilleur que son anglais. Décidément…

Héhé, donc on a jasé qq temps de mon histoire d’espérantistes et lui il a un ami Italo-Allemand qui loue une chambre. Après m’avoir payé une pointe de pizz. à une piasse (en fait 2 Euros, donc 3,11$ CAD), on est allé chez lui utiliser le téléphone, pusiqu’il habite tout près. Là-bas, il m’a offert un thé (j’imagine que c’est la politesse berlinoise, je l’ai accepté mais je n’en ai bu que 2 gorgées, ma confiance, ébranlée, a ses limites!), et on a appelé son ami, qui a accepté de m’héberger à 80 Euros par semaine (125$ CAD). C’est beaucoup cher, mais pas tant que ça dans le fond.
Donc c’est d’ici que je vous écris, chez l’Italo-Allemand.

Hier était ma dernière nuit à l’auberge jeunesse. Cette fois j’ai eu de la misère à dormir parce que c’était chaud et humide dans la chambre et aussi parce que les ados jouaient dehors en criant. Donc je suis on ne peut plus content d’être ici. J’ai accepté de payer 80 Euros par semaine premièrement parce qu’il me faillait quelque chose rapidement (l’auberge jeunesse c’était 24 Euro par nuit) et parce que je faisais confiance à mon nouvel ami. Et finalement, j’ai un excellent rapport qualité prix!

En plus d’avoir une chambre assez grande, très clean et avec un grand lit pi une fenêtre et tout le kit, j’ai accès à un piano électronique, à un balcon ensoleillé, et à deux types de cafetières (canadienne, pareille comme la mienne, et italienne), café fourni. J’ai tout défait mes bagages, même si peut-être je ne serai ici qu’une semaine.


C’est vraiment deluxe, j’haïs pas ça. Je pense rester ici tout juin si c’est possible. J’avais hâte à ce moment-ci, déballer mes affaires et avoir un brin de sentiment de chez-soi.
Aujourd’hui j’ai écrit beaucoup, je ne pense pas réécrire autant, mais ça me tentait de raconter mon arrivée à Berlin, et là je viens de sentir que j’étais arrivé enfin, installé, prêt à aller faire un tour à l’épicerie et à faire une journée de travail demain. Le seul défaut c’est que je n’ai pas d’internet, mais je devrais trouver une place à internet fiable pour le travail d’ici très bientôt.

J’ai commencé aussi à ramasser les revues gratuites avec les annonces d’événements et tout. J’ai vu du coin de l’œil le musée des instruments de musique, où je veux aller. Et mon nouveau contact l’Allemand-Péruvien connais un répétiteur pour un petit orchestre amateur qui pourrait peut-être m’enligner sur un violoncelle.

Là ça torche!