Si je dis jeudi d'la mort, c'est que c'est bien au jeudi que je veux affubler le vil néo-épithète - et non à moi-même - et que c'est bien la mort elle-même qui se manifesta au fil des heures. Une mort bien universelle avec ses facettes toutes personnelles: la mort de mon cours de Calcul, la mort de mon cours d'Analyse et celle de mon cours de Géométrie, puis une mort un peu plus collective (bien que perçue individuellement), celle de l'hiver.
Amusant de penser que la mort peut à la fois signifier la lente agonie de quelque chose (ou de quelqu'un, j'imagine) et sa brusque disparition.
La mort de la mort? Pourquoi pas. Ça sonne comme un groupe de métal français - forcément mauvais.
Les mots sortent difficilement en ce moment, tout s'entremêle et s'entrechoque à la sortie, tout est confus par trop de rigueur... retour du balancier.
Il fut un jeudi 17 avril 2008. Il ne lui reste plus que quelques heures à vivre (moins de 4, probablement moins de 3 à la fin de ceci). Je pense souvent à la mort des jours. Devrais-je être triste de ne plus jamais revoir de ma vie le jeudi 17 avril 2008? Plus personne ne pourra le revivre, ç'a du bon, finalement. Beaucoup de bon.
[00:00 - 00:30] Je sors de la douche. Oui, j'ai pris ma douche à minuit, et alors!
[00:30 - 00:45] Dernières bribes de "chat" (jamais je n'utiliserai le mot "clavardage") soutenu, le reste s'effilochera en monosyllabes.
[00:45 - 01:45] Je lis toute la théorie dont j'aurai besoin pour compléter mon devoir d'Analyse Numérique.
[01:45 - 02:00] Un 15 minutes de youtube bien mérité.
[02:00 - 06:30] Première mort et résurrection, je dors. Notons un premier calcul : de 2 heures piles à 6 heures et demi, il y a 3 cycles de sommeil complets d'une heure et demie chacun.
[06:30] Sonnerie de cellulaire. C'est mon réveil-matin depuis que j'ai failli passer au feu parce que le fil de l'autre avait serpenté jusque dans le calorifère, et que Monsieur a décidé qu'il faisait froid. Je repousse donc l'heure du lever à 6 heures trente-cinq, deuxième calcul : 6:30 + 5 minutes = 6 heures trente-cinq.
[06:35] Sonnerie de cellulaire. Et deuxième repoussement, troisième calcul.
[06:40] Légèrement nauséeux, je reprogramme l'alarme à 6 heures quarante-cinq (pour être sûr) et je fais une tournée de mes e-mails, facebook, myspace, youtube. Rien de nouveau sous le soleil, qui plombe presque déjà.
[06:50 - 07:15] Ce que l'on appelle le déjeuner. Toast dorées, beaucoup de sirop de poteau, lait, jus d'orange, café, plus qu'il n'en faut, et set-up de la "table de travail" (mieux connue sous le nom de "table de cuisine"). Calculs simples : 1 oeuf + 1 oeuf, 1 cuillerée de café + 1 cuillerée de café + 1 cuillerée de café + 1 cuillerée de café.
Et là ça commence pour vrai
[07:15 - 12:45] Devoir d'analyse numérique. Calculs innombrables dont celui-ci, que je compterai plus tard sur mes doigts : il s'agit de 5 heures et demi de travail, sans arrêt, où je transcrit plus d'une cinquantaine de fois le contenu palôt, à 10 chiffres après la virgule, de l'écran de ma Ti-80.
[12:45 - 12:55] Petit moment à la salle de bain, la "barbe" de deux jours s'en va, et je me sens de plus en plus malade, étourdi, bruits d'estomac à l'appui.
[12:56] Je suis sur le perron, direction l'école. Je n'ai toujours pas commencé à étudier mon examen final de Calcul (notons la majuscule, car on parle ici du cours, Calculus qu'ils disent en anglais, je crois l'avoir déjà mentionné) prévu pour 15 heures.
[13:11] Je me suis concentré sur un point devant moi et sur My Bloody Valentine dans mes oreilles en attendant que les 5 stations de métro passent. Je vais voir le prof. de Calcul pour récupérer un devoir récent et m'en inspirer pour la feuille de note recto-verso permise à l'examen.
[13:16 - 14:44] Révision pour l'examen, rédaction de la feuille de notes en exactement une heure et demie. À ce moment, je suis extrêmement conscient du temps qui passe.
[14:44 - 14:56] Je prends l'air, fume une cigarette, je me sens mieux.
[15:00 - 17:10] Examen. Je n'aime pas parler d'un examen alors qu'il est fini. Disons juste que c'était encore plus difficile que ce que j'avais imaginé, et que l'on verra les résultats en temps et lieux.
[17:10 - 18:00] J'oublie que j'avais pensé à m'apporter un lunch et dépense mon dernier 3$ sur un genre de pain aux épinards et olives ma foi assez bon. J'oublie de remettre mon devoir fait le matin.
[18:00 - 19:30] Je vais remettre le devoir en question (incomplet, mais de si peu) et arrive en retard au dernier cours de Géométrie. Et c'est le trajet inverse. My Bloody Valentine dans mes oreilles, j'ai troqué mon point fixe pour le mot croisé du journal Métro, toujours le bienvenu.
Et c'est fait. La mort dans l'âme, ou pas, je rentre à la maison où mon coloc se terre encore et toujours dans sa chambre.
Fait intéressant : Si je me rappelle bien - et c'est ce qu'en témoigne un sac de plastique plein de mouchoirs séchés près de mon lit - j'avais la grippe. Eh bien, la grippe est morte, je l'ai soustraite de l'équation. Il ne m'en reste plus qu'un vague souvenir, mêlé à une sensation un peu trop précise de la rotation de la terre sur elle-même.
[Plus tard ce soir] Plus tard ce soir je dois compléter la musique pour un court-métrage dont j'ai accepté la fonction de "musicien improvisateur, conception", et envoyer le tout à mon contact.
Cher lecteur, tout ceci fut bien aride à lire, n'est-ce pas? Ne nous quittons pas ainsi, la tête pleine de chiffres, ne nous quittons pas sans un brin de poésie. Aujourd'hui fut une journée objectivement magnifique (ma subjectivité l'a rendu tout autre, je crois avoir bien transmis cet élément), et j'ai profité d'une de mes 2 pauses cigarette de l'avant-midi pour prendre ces trois clichés, signes qu'avant la mort, il y a la vie. Ou l'inverse. Je n'ai plus de cigarettes.
Amusant de penser que la mort peut à la fois signifier la lente agonie de quelque chose (ou de quelqu'un, j'imagine) et sa brusque disparition.

Les mots sortent difficilement en ce moment, tout s'entremêle et s'entrechoque à la sortie, tout est confus par trop de rigueur... retour du balancier.
Il fut un jeudi 17 avril 2008. Il ne lui reste plus que quelques heures à vivre (moins de 4, probablement moins de 3 à la fin de ceci). Je pense souvent à la mort des jours. Devrais-je être triste de ne plus jamais revoir de ma vie le jeudi 17 avril 2008? Plus personne ne pourra le revivre, ç'a du bon, finalement. Beaucoup de bon.
[00:00 - 00:30] Je sors de la douche. Oui, j'ai pris ma douche à minuit, et alors!
[00:30 - 00:45] Dernières bribes de "chat" (jamais je n'utiliserai le mot "clavardage") soutenu, le reste s'effilochera en monosyllabes.
[00:45 - 01:45] Je lis toute la théorie dont j'aurai besoin pour compléter mon devoir d'Analyse Numérique.
[01:45 - 02:00] Un 15 minutes de youtube bien mérité.
[02:00 - 06:30] Première mort et résurrection, je dors. Notons un premier calcul : de 2 heures piles à 6 heures et demi, il y a 3 cycles de sommeil complets d'une heure et demie chacun.
[06:30] Sonnerie de cellulaire. C'est mon réveil-matin depuis que j'ai failli passer au feu parce que le fil de l'autre avait serpenté jusque dans le calorifère, et que Monsieur a décidé qu'il faisait froid. Je repousse donc l'heure du lever à 6 heures trente-cinq, deuxième calcul : 6:30 + 5 minutes = 6 heures trente-cinq.
[06:35] Sonnerie de cellulaire. Et deuxième repoussement, troisième calcul.
[06:40] Légèrement nauséeux, je reprogramme l'alarme à 6 heures quarante-cinq (pour être sûr) et je fais une tournée de mes e-mails, facebook, myspace, youtube. Rien de nouveau sous le soleil, qui plombe presque déjà.
[06:50 - 07:15] Ce que l'on appelle le déjeuner. Toast dorées, beaucoup de sirop de poteau, lait, jus d'orange, café, plus qu'il n'en faut, et set-up de la "table de travail" (mieux connue sous le nom de "table de cuisine"). Calculs simples : 1 oeuf + 1 oeuf, 1 cuillerée de café + 1 cuillerée de café + 1 cuillerée de café + 1 cuillerée de café.
Et là ça commence pour vrai
[07:15 - 12:45] Devoir d'analyse numérique. Calculs innombrables dont celui-ci, que je compterai plus tard sur mes doigts : il s'agit de 5 heures et demi de travail, sans arrêt, où je transcrit plus d'une cinquantaine de fois le contenu palôt, à 10 chiffres après la virgule, de l'écran de ma Ti-80.
[12:45 - 12:55] Petit moment à la salle de bain, la "barbe" de deux jours s'en va, et je me sens de plus en plus malade, étourdi, bruits d'estomac à l'appui.
[12:56] Je suis sur le perron, direction l'école. Je n'ai toujours pas commencé à étudier mon examen final de Calcul (notons la majuscule, car on parle ici du cours, Calculus qu'ils disent en anglais, je crois l'avoir déjà mentionné) prévu pour 15 heures.
[13:11] Je me suis concentré sur un point devant moi et sur My Bloody Valentine dans mes oreilles en attendant que les 5 stations de métro passent. Je vais voir le prof. de Calcul pour récupérer un devoir récent et m'en inspirer pour la feuille de note recto-verso permise à l'examen.
[13:16 - 14:44] Révision pour l'examen, rédaction de la feuille de notes en exactement une heure et demie. À ce moment, je suis extrêmement conscient du temps qui passe.
[14:44 - 14:56] Je prends l'air, fume une cigarette, je me sens mieux.
[15:00 - 17:10] Examen. Je n'aime pas parler d'un examen alors qu'il est fini. Disons juste que c'était encore plus difficile que ce que j'avais imaginé, et que l'on verra les résultats en temps et lieux.
[17:10 - 18:00] J'oublie que j'avais pensé à m'apporter un lunch et dépense mon dernier 3$ sur un genre de pain aux épinards et olives ma foi assez bon. J'oublie de remettre mon devoir fait le matin.
[18:00 - 19:30] Je vais remettre le devoir en question (incomplet, mais de si peu) et arrive en retard au dernier cours de Géométrie. Et c'est le trajet inverse. My Bloody Valentine dans mes oreilles, j'ai troqué mon point fixe pour le mot croisé du journal Métro, toujours le bienvenu.
Et c'est fait. La mort dans l'âme, ou pas, je rentre à la maison où mon coloc se terre encore et toujours dans sa chambre.
Fait intéressant : Si je me rappelle bien - et c'est ce qu'en témoigne un sac de plastique plein de mouchoirs séchés près de mon lit - j'avais la grippe. Eh bien, la grippe est morte, je l'ai soustraite de l'équation. Il ne m'en reste plus qu'un vague souvenir, mêlé à une sensation un peu trop précise de la rotation de la terre sur elle-même.
[Plus tard ce soir] Plus tard ce soir je dois compléter la musique pour un court-métrage dont j'ai accepté la fonction de "musicien improvisateur, conception", et envoyer le tout à mon contact.
Cher lecteur, tout ceci fut bien aride à lire, n'est-ce pas? Ne nous quittons pas ainsi, la tête pleine de chiffres, ne nous quittons pas sans un brin de poésie. Aujourd'hui fut une journée objectivement magnifique (ma subjectivité l'a rendu tout autre, je crois avoir bien transmis cet élément), et j'ai profité d'une de mes 2 pauses cigarette de l'avant-midi pour prendre ces trois clichés, signes qu'avant la mort, il y a la vie. Ou l'inverse. Je n'ai plus de cigarettes.
En passant, j'ai découvert qu'en cliquant sur un photo, on a accès à sa version grandeur nature. À vos souris.
Rémy
Rémy